En Europe, plus de 10.000 espèces d’animaux , d’insectes, de plantes et d’autres formes de vie ne sont pas originaires du continent. Certaines ont été introduites volontairement mais beaucoup sont arrivées au gré des déplacements de population et des transports de marchandises.
Leur implantation affecte les écosystèmes et a un impact économique et sanitaire important. Une espèce de coccinelle originaire d’Asie est capable de prendre le dessus sur les autres grâce au parasite qu’elle porte dans son sang.
La coccinelle harlequin Harmonia axyridis est native d’Asie. Suite à son introduction ailleurs dans le monde comme moyen de lutte biologique, elle est devenue une espèce invasive dans de nombreux pays où elle remplace les coccinelles autochtones. Rien d’évident ne semblait expliquer ce phénomène.
Les espèces invasives se multiplient après leur installation dans un nouvel habitat. Les scientifiques ne comprennent cependant pas pourquoi certaines espèces ont plus de succès dans la conquête de leur nouveau milieu, alors que d’autres, même si elles sont proches, restent non invasives.
Des biologistes allemands ont donc scruté cette coccinelle avec attention pour dénicher dans son sang un parasite qui lui octroie un avantage décisif sur les autres espèces de coccinelles. Ils relatent leur découverte dans la revue Science.
Arme biologique
Les chercheurs ont en effet détecté que l’hémolymphe (le sang des insectes) d’Harmonia contenait d’abondantes spores de parasites appelés microsporidies. Ils ont alors injecté des microsporidies issues de son hémolymphe dans la coccinelle Coccinella septempunctata, l’espèce native d’Europe. En l’espace de quinze jours, toutes les coccinelles infectées sont mortes.
Comme les coccinelles d’une espèce mangent les œufs et les larves des autres espèces, les chercheurs estiment que le fait de se nourrir d’œufs d’Harmonia contaminés par des microsporidies est à l’origine du décès des autres espèces de coccinelles. Ce travail, qui révèle un avantage inné des coccinelles Harmonia comparé aux autres espèces, autrement égales en capacités de compétition, peut expliquer pourquoi ces coccinelles sont si invasives.
Sur les 1517 espèces d’invertébrés recensées, seules 10% ont été importées volontairement, généralement pour la lutte biologique comme la coccinelle arlequin (Harmonia axyridis) en provenance d’Asie. La grande majorité des insectes est donc entrée « illégalement » , transportée sur des plantes ou directement à bord des moyens de transports qui transitent en Europe en provenance du monde entier.