Pour l’écrivaine et blogueuse égyptienne Nervana Mahmoud cette expression est désormais utilisée pour justifier des crimes atroces.
On a tous vu ces images: un homme d’origine nigériane tient dans ses mains rouge de sang un hachoir et un couteau, lesquels ont servi à tuer un soldat britannique. Il demande aux passants d’allumer leur caméra et de prendre des photos. Dans l’une des vidéos filmées ce jour-là, il justifie son geste barbare au nom de l’islam. Il ponctue son message par un «Allahu Akbar» (Dieu est grand!).
Cette énième utilisation de l’expression «Allahu Akbar» a poussé la blogueuse et doctorante égyptienne Nervana Mahmoud à réagir dans les colonnes du site Daily News Egypt. Elle s’indigne devant l’abus d’une expression devenue le synonyme d’un radicalisme religieux.
L’exemple du crime de Woolwich n’est pas isolé. Récemment, après avoir mangé le cœur d’un soldat du régime al-Assad, un insurgé de la brigade al-Farouk avait crié «Allahu Akbar».
L’utilisation de cette expression a évolué ces dernières décennies. Nervana Mahmoud revient sur ces changements.
Selon elle, l’expression était, jusqu’en dans les années 1970, utilisée lors des appels à la prière ou des grandes occasions comme les mariages ou les enterrements. Il s’agissait alors de louer la beauté de dieu, sa grandeur.
Depuis l’émergence de l’islamisme politique et des transformations socioéconomiques qu’ont connue les pays musulmans, Nervana Mahmoud observe une rupture. Elle remarque que les groupes islamistes poussent leurs partisans à scander «Allahu akbar» dès qu’une occasion se présente: une manifestation, une naissance, une réunion… Une manière de rendre plus poreuse la frontière entre le politique et le religieux.[…]