[Rediffusion d’un article de Libération, publié sur Fdesouche le 9 janvier 2008] [Extraits]
[Rosengård/Suède] – Diabaté Dialy-Mory surveille les gosses qui s’échauffent avant le cours de boxe. Derrière ses petites lunettes rondes, le Sénégalais à la barbe blanche garde l’œil (…)
Ill a travaillé plus de trente ans comme éducateur à Rosengård. Musulman pratiquant, il prêche l’intégration par le sport.
Il veut que, comme lui, les jeunes se sentent chez eux en Suède et qu’ils comprennent qu’«on fait tout pour les intégrer ici». A la différence de la France.
En matière d’intégration, la Suède surpasse tous ses voisins. Sans passé colonial et à l’écart des grandes voies de communication, le royaume scandinave a longtemps été une terre d’émigration et est doté d’une population ethniquement très homogène.
En à peine trente ans, la Suède est devenue une société multiculturelle. Sur ses 9 millions d’habitants, 13 % sont aujourd’hui nés à l’étranger [Rappel : ce sont les chiffres de 2008, NDLR]
L’an dernier [en 2007], le pays a accueilli 95 000 personnes de 169 nationalités, un record depuis la fin du XIXe siècle, et 40 % d’entre eux étaient non européens. Un sur dix venait d’Irak. Plus d’un quart étaient des demandeurs d’asile, et un tiers d’entre eux étaient des candidats au regroupement familial.
Mais quel est donc le secret du modèle suédois ? «Il y a une dynamique de l’intégration qu’on ne trouve pas ailleurs, avec des objectifs très ambitieux et une idéologie égalitaire à laquelle les gens croient fermement», déclare le sociologue José Alberto Diaz.
La première loi sur l’immigration, adoptée en 1975, érige «l’égalité, la liberté de choix et la coopération» en valeurs centrales de la société.
«Les Suédois et les immigrés ont les mêmes droits, résume José Alberto Diaz, y compris celui d’être différents.»
Depuis 1976, les étrangers peuvent voter aux élections locales. Mais le royaume les encourage aussi à s’organiser en associations culturelles, et il offre à tout enfant d’origine étrangère la possibilité d’apprendre à l’école la langue de ses parents.
«L’Etat ne se mêle pas des questions d’identité, déclare le sociologue. Chacun doit pouvoir s’intégrer, sans renoncer à ses racines.»
La ministre de l’Intégration approuve. Née au Burundi, où ses parents zaïrois s’étaient réfugiés, Nyamko Sabuni est arrivée en Suède en 1981. Elle est la première Noire à accéder au rang de ministre.
Elle juge sévèrement la France, qui, dit-elle, «a sans doute posé des exigences trop dures à ses immigrés» sans leur donner les moyens de s’intégrer.
Malmö est la ville la plus cosmopolite du pays. Dès leur arrivée à Malmö, les demandeurs d’asile et leurs familles se voient proposer des cours de suédois. Par ailleurs, face à la venue massive des Irakiens, la commune organise chaque semaine des séminaires d’orientation en arabe. Au programme : la procédure d’asile, l’emploi, le logement, la sécurité sociale, mais aussi la politique de la famille ou la protection de l’environnement.
En 2006, 45 % des demandeurs d’asile et plus de 90 % des candidats au regroupement familial ont obtenu un permis de séjour permanent.
Construits dans les années 70, les immeubles ne dépassent pas cinq ou six étages. Ils sont bien entretenus. Les espaces verts abondent. «C’est un quartier fantastique où il se passe plein de choses».
A l’école de Rosengård, tous les élèves sont d’origine étrangère. Les résultats scolaires ne sont pas bons mais «ce n’est pas étonnant vu ce que les enfants ont vécu avant d’arriver ici», remarque le directeur. L’établissement, qui compte 600 élèves vient d’être refait à neuf. Ici, le port du foulard est autorisé, de même que l’usage des langues étrangères. L’imam Ali Ibrahim travaille comme responsable culturel à l’école depuis 1990.
(…) Cette politique modèle a un prix. En 2006, le ministère de l’Intégration a versé 275 millions d’euros aux communes pour gérer l’accueil des demandeurs d’asile et de leur famille.
Malgré le durcissement des lois partout ailleurs en Europe, la droite, revenue au pouvoir fin 2006 après douze ans de règne social-démocrate, exclut de renier le modèle suédois.
Ainsi le Premier ministre, Fredrik Reinfeldt, regrettait-il récemment qu’«il se propage une espèce de conception selon laquelle la société multiculturelle ne fonctionne pas». Lui, au contraire, la juge bien «plus excitante et plus intéressante».
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[Dèjà en 2008, nous avions complété cet article par les éléments ci-dessous]
• Dans la ville de Sundsvall, les jeunes ne s’attaquent plus seulement à la police, aux facteurs ou aux agents du gaz. C’est cette fois une ambulance qui a subi une attaque en règle. Une ambulance s’est retrouvée assiégée et empêchée de démarrer par un gang de racailles qui ont éclaté les vitres et défoncé le véhicule à coup-de-pieds. Le personnel médical a réussi a s’échapper et a appelé la police à la rescousse. (Aout 2007) (source)
• En Suède, « Les viols collectifs commis par des immigrés sur des filles suédoises sont devenus banals. Il y a quelques semaines, cinq Kurdes ont brutalement violé une Suédoise de 13 ans. » A Malmö, il y a 5 à 6 fois plus de viols que dans la capitale danoise toute proche, Copenhague. (Lien disparu / site Point de Bascule
• En septembre 2007, le chef de l’organisation Al-Qaïda en Irak a proposé une récompense pour le meurtre d’un caricaturiste suédois dont des dessins ont été jugés insultants par la communauté musulmane. Il menace de s’en prendre aux grandes entreprises suédoises. (source)
• La ville de Malmö est le théâtre de 9 fois de plus de vols que Copenhaguen, toute proche.. Certains coupables, arrêtés, et tous d’origine immigrée, ont déclaré : “Nous sommes en guerre contre les suédois”. (source)
• Des partis suédois ont demandé l’interdiction des langues autres que le suédois dans les écoles. (source)