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La Fédération hospitalière de France est vent debout contre ce rapport.

Et Frédéric Vallétoux [président de la Fédération hospitalière de France (FHF) – NDLR] de dénoncer

“un rapport totalement techno, assez déconnecté de la réalité […] Les mêmes qui ont demandé il y a quelques années aux hôpitaux d’investir, regardent cela d’un œil critique, en essayant de faire croire que les hôpitaux sont mal gérés”…

Sur un budget total annuel de quelque 70 milliards d’euros, le déficit des hôpitaux ne dépasserait pas les 200 millions, selon les chiffres de la FHF. Aussi, limiter l’accès aux prêts bancaires reviendrait

“à faire revenir la gestion hospitalière à la Roumanie des années 1970 […]

La conséquence de tout cela serait de fragiliser l’offre de soin aux Français”, prévient Frédéric Vallétoux.

Il y a urgence pour l’hôpital ! C’est en effet le constat alarmant que vient de dresser l’Inspection générale des Finances, laquelle exhorte les établissements de santé à limiter leurs emprunts bancaires de court terme.

L’Hôtel-Dieu de Paris

Il est vrai que la situation est pour le moins préoccupante : la dette des hôpitaux a en effet a triplé en moins de dix ans,  leurs investissements  plombant un peu plus leurs comptes chaque jour.

Le journal « Les Echos » révèle ainsi que l’Inspection générale des finances vient d’indiquer  dans un rapport que l’encours des prêts de moyen et long terme est passé de 9 milliards d’euros en 2003 à plus de 24 milliards en 2011.

Selon l’IGF,  le secteur hospitalier a  été d’autant plus frappé par la crise financière de 2008, compte-tenu de son fort niveau d’endettement. Citant pour exemple le CHU de Caen, lequel a été contraint de retarder des paiements courants, en l’absence  de trésorerie.

Le patron de la Fédération hospitalière de France ne l’entend pas de la sorte, estimant pour sa part « que l’hôpital risque l’embolie avec la multiplication des normes ».

Rappelons qu’en mai 2012, le Parisien-Aujourd’hui en France indiquait que près de trois cents établissements médicaux français se retrouveraient ainsi en effet difficulté financière après avoir contracté des emprunts toxiques, à des taux pouvant aller jusqu’à 15%, auprès de la banque franco-belge Dexia  démantelée en octobre 2011.

Le quotidien indiquait alors que les hôpitaux français auraient désormais besoin de plus de deux milliards d’euros : 1,5 milliard pour des investissements de long terme et 600 milllions de trésorerie pour leur fonctionnement courant.

L’hôpital psychiatrique de Sevrey, près de Chalons sur Saône a quant à lui porté plainte auprès du tribunal de grande instance pour un emprunt de 3 millions d’euros souscrit auprès de Dexia.

Le nouveau directeur de l’établissement, Philippe Collange, avait précisé à cette occasion que le prêt « était indexé sur la parité dollar/franc suisse, bonifié à 4,31% les deux premières années », puis qu’ensuite une « formule s’appliquait » , pour au final en août 2011, aboutir à un taux s’élevant jusqu’à 14%.

Les emprunts à taux variables contractés par les hôpitaux étaient ainsi souvent indexés sur les parités de change entre l’euro ou le dollar, et le franc suisse ou la couronne norvégienne, perçus comme des valeurs refuge. Rappelons que ces prêts ont attiré au départ nombre de dirigeants d’hôpitaux, leurs taux étant très bas pendant plusieurs années, une aubaine donc à l’origine, permettant d’abaisser rapidement les charges des établissements désirant investir.

Reste qu’en septembre 2012,  pour protester contre contre le manque de moyens de son service, le chef des urgences de l’hôpital Saint-Louis, Pierre Taboulet, avait adressé sa lettre de démission à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

« Nos moyens sont trop insuffisants/inadaptés en regard de l’activité qui ne cesse de croître et de se compliquer », avait indiqué le Dr Taboulet dans un courrier daté du 17 septembre, adressé au directeur de l’hôpital et aux dirigeants de l’AP-HP.

« Nous manquons surtout, comme partout, de lits dans l’hôpital ou à l’extérieur« , précisait par ailleurs le médecin. Pointant du doigt l’organisation et par dessus tout un nombre d’urgentistes et d’infirmiers « insuffisant », « des gardes de 14-15 heures […] épuisantes et mal payées » et un nombre d’internes qui « décroît ».

Le médecin déplorant également un « ratio de productivité inflationniste » alors qu’un manque d’investissements notable est à déplorer selon lui sur des dossiers aussi importants que conditions et moyens de travail et soins des patients .

« En conséquence, les temps d’attente aux urgences s’allongent » et « la prise en charge des malades n’est plus satisfaisante », affirme au final encore le Dr Taboulet.

Quelques jours auparavant, le personnel hospitalier de l’Hotel Dieu, à Paris avait manifesté son opposition au projet de fermeture des urgences et aux restructurations menées par 
l’AP-HP.

Les raisons de la colère ? la volonté de la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) de transférer son siège de l’avenue Victoria à l’Hôtel-Dieu, mais avant tout la disparition programmée des services de soins de l’hôpital et des urgences.

Pour Dina Vernant, présidente de l’association L’Hôpital pour tous, c’est le principe même de l’hôpital public qui est visé à travers le symbole de l’Hôtel-Dieu. « On nous fait croire qu’il est devenu obsolète alors que de nombreux investissements y ont été faits. La vérité, c’est que la direction ne réfléchit qu’à travers un objectif budgétaire annuel » avait-elle alors indiqué.

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