Loin de la place Taksim, au cœur d’Istanbul, où les manifestants hostiles au premier ministre Recep Tayyip Erdogan sont toujours mobilisés, la communauté turque de France (environ 550.000 personnes) suit de très près le mouvement de contestation. Après quelques petits rassemblements la semaine dernière, ils étaient plus d’un millier à manifester mardi soir au Châtelet, à Paris, pour apporter leur soutien à la contestation. « Un rassemblement hétérogène de gens qui ne manifestent pas normalement ensemble », selon Merve Ozdemirkiran, 30 ans, enseignante à Sciences Po Paris, présente mardi.
« Tayyip, t’es foutu, la Turquie est dans la rue », « La Turquie est laïque et elle le restera », « Erdogan démission », ont scandé les manifestants, parmi lesquels de nombreux jeunes. Initialement dirigée contre un projet d’aménagement urbain menaçant le parc Gezi à Istanbul, la mobilisation turque s’est muée vendredi dernier en un mouvement de contestation politique après l’intervention musclée des forces de l’ordre. Les manifestants dénoncent l’autoritarisme du premier ministre. Le mouvement a gagné plusieurs villes, les heurts ont déjà fait deux morts.
Gulçin Kaya Rocheman, 31 ans, est en France depuis plus de quatre ans. Avocate en Turquie et professeur de turc en France, elle était aussi à la manifestation parisienne mardi soir. « Je suis fière de mon pays, car d’habitude les gens ne suivent pas l’actualité, ils votent et ne se préoccupent pas de savoir si le programme présenté pendant la campagne est vraiment mis en œuvre. »