Le député européen PS Henri Weber livre son analyse des familles politiques dites «extrêmes», en France, qu’il refuse de renvoyer dos à dos.
Henri Weber est né le 23 juin 1944 à Leninabad (URSS). Enfant, il fut membre du Hachomer Hatzaïr, l’organisation sioniste de gauche. Étudiant, il devient membre de l’UEC (Union des étudiants communistes) et du PCF, organisations dont il est exclu en 1965 avec plusieurs autres étudiants, dont notamment Alain Krivine et Alain Michaloux, qui fondent alors la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR). Il est l’un des cofondateurs de la Ligue communiste avec Alain Krivine et Daniel Bensaïd. (Wikipedia)
C’est le Front national qui constitue le véritable péril. Les groupuscules comme les Jeunesses nationalistes révolutionnaires ne sont que des épiphénomènes.
Après la mort de Clément Méric, certains responsables politiques, comme Jean-François Copé, ont mis sur le même plan extrême gauche et extrême droite. Qu’en pensez-vous ?
C’est une vieille ânerie. L’extrême gauche et l’extrême droite diffèrent radicalement par leur idéologie, leur projet, leurs valeurs. La première partage l’idéologie humaniste des Lumières et de la Révolution française : liberté, égalité, solidarité, droits de l’homme, démocratie… Mais elle pèche par excès : par ultra-démocratisme, ultra-volontarisme, ultra-rationalisme. Elle veut la démocratie directe et non la démocratie parlementaire, l’égalité des conditions, non l’égalité des chances et des droits.
Mais au fond, l’extrême gauche relève de la même idéologie que la gauche, c’est d’ailleurs pourquoi l’une et l’autre peuvent s’allier aisément.
L’extrême droite, au contraire, est xénophobe, raciste, chauvine, ultra autoritaire. Elle exècre les valeurs et l’idéologie qui sont à la base de notre République, et auxquelles la droite civilisée a fini par se rallier. C’est pourquoi l’alliance entre ces deux droites est si contre-nature. […]
Le rapport à la violence a-t-il aussi changé au sein des groupes d’extrême gauche ?
Sans doute certains groupuscules considèrent-ils que le salut est dans la violence, mais ils ne sont pas visibles. On n’est plus du tout dans la même situation que lors des années 70. […] La réponse principale, c’est d’essayer de traiter le mal, et non ses symptômes. Le mal, c’est la montée de l’insécurité sociale. C’est positivement qu’on viendra à bout de l’extrême droite.
Celle-ci ne s’est-elle pas renforcée ces derniers mois ?
[…] Il faut rester très vigilant, car la situation économique et sociale se prête parfaitement à l’essor de ces groupes fascistes et nationalistes. D’autant que le recentrement du Front national, sous la férule de Marine Le Pen, leur libère un espace à droite. Pour moi, il faut recourir à la dissolution des groupes violents. Mais c’est le Front national qui constitue le véritable péril. Les groupuscules comme les Jeunesses nationalistes révolutionnaires ne sont que des épiphénomènes.