Interview de l’écrivain Marek Halter dans Paris Match. Né à Varsovie en 1936, il obtient la nationalité française en 1980 «grâce à Simone veil».
Que dites-vous de l’indignité avec laquelle le «peuple élu» traite les Palestiniens ?
J’ai toujours dit : les Juifs sont comme tout le monde. Il y a des bandits, des corrupteurs, des idiots… […]
Vous dites dans votre livre qu’il faut aujourd’hui parler aux jeunes des banlieues le langage de l’islam…
Comme je n’arrive pas à faire dégager Dieu, j’essaie de le prendre à témoin. Et j’ai commencé : après ma trilogie sur les femmes juives, j’en ai commencé une autre. Il me montre son manuscrit sur Khadija, la première femme du Prophète.] Je me suis rendu compte que, dans les banlieues, on donne des leçons de morale aux enfants au nom de Voltaire et de Diderot, mais ce n’est pas leur histoire.
Notre erreur a été de vouloir leur faire oublier leur culture pour devenir de bons Français. Or, ce sont déjà de bons Français, leurs mômes nous font rire, 80 % des comiques sont issus du Maghreb ! Ils sont intégrés. Mais pas “assimilés”. Et c’est bien comme cela.
Comment rectifier notre ethnocentrisme ?
Eh bien, par exemple, avec le producteur Tarak ben Ammar, qui a des chaînes de télé en Tunisie et en Egypte, j’ai un projet de chaîne pour les musulmans de France, en français et en arabe. J’y aurai une ou deux émissions où je leur raconterai leur histoire ! Al-Jazira va lancer aussi sa chaîne en français. Islamiste, elle sera dangereuse. La nôtre sera laïque. […]
En 1967, quand on a lancé le Comité international pour la paix au Proche-Orient, les militants faisaient tout, portaient les tracts, collaient les affiches, ne comptaient pas leur temps ni leurs efforts… SOS-Racisme fut la dernière génération prête à se donner. Le goût du travail a disparu, c’est terrible. Aujourd’hui, quand un parti veut coller ses affiches, il paie les colleurs. Le seul à avoir des bénévoles, c’est le Front national.