Pour masquer l’explosion des escroqueries à la carte bancaire sur Internet, la Chancellerie maintient une circulaire visant à dissuader les services de police et de gendarmerie de prendre les plaintes des victimes.
Florence se souviendra de son passage au commissariat du VIIIe arrondissement de Paris. Le 3 juin dernier, après s’être fait prélever frauduleusement 8.000 euros par des pirates d’Internet qui avaient volé son numéro de carte bancaire, elle s’est vu refuser son dépôt de plainte par l’officier de police. Réponse du commissariat, selon elle : «Le procureur de la République de Paris a donné des consignes pour ne plus faire de procès-verbaux sur ces faits tant ils englueraient les services d’enquête». […]
Le 2 août 2011, sous Nicolas Sarkozy, la directrice des affaires criminelles et des grâces, Maryvonne Caillibotte, ex-conseillère justice de François Fillon, avait produit une circulaire aux procureurs généraux recommandant cette pratique. Motif invoqué : les banques remboursent les victimes et peuvent porter plainte à leur place. Mais refuse-t-on de prendre les plaintes des vols de voitures au prétexte que les propriétaires sont assurés ? […]
Christiane Taubira n’est pas revenue sur ce texte. Et Manuel Valls, qui prétend tout assumer en matière de chiffres, au nom de la transparence, demeure étrangement silencieux sur le sujet.
Il avait pourtant reconnu, en marge de sa première conférence statistique en janvier dernier, place Beauvau, que cette pratique de non-prise de plainte posait question. […]