Alors que s’amorce une énième réforme des retraites, les Français s’inquiètent: comme à chaque fois qu’ils entendent le mot réforme, ils savent que le nouveau régime sera moins favorable que le précédent. Ils peuvent avoir au moins une certitude: quelle que soit l’ampleur de la réforme, ils resteront mieux traités que leurs homologues américains.
Deux notes publiées par le service des études économiques du Crédit Agricole, l’une décrivant le système américain, l’autre montrant ses effets sur le niveau de vie des seniors, dressent un constat assez accablant: il ne fait pas bon vieillir aux États-Unis.
Contrairement à une opinion encore répandue en France, la base des retraites américaines est un régime public par répartition, géré au niveau fédéral, qui a représenté 773 milliards de dollars (un peu plus de 580 milliards d’euros) l’an dernier. C’est la première source de revenu des retraités américains, seuls 26% d’entre eux bénéficiant par ailleurs de prestations de fonds de pension privés.
Une très nette évolution se dégage d’ailleurs depuis une vingtaine d’années: les systèmes de retraite complémentaire dits à «prestations définies» (donnant des droits à la retraite connus d’avance) coûtent cher aux entreprises, qui leur préfèrent les systèmes à «cotisations définies», qui ressemblent plus à de l’épargne salariale qu’à une véritable préparation à la retraite.
Au total, alors que les retraites représentent en moyenne 66% du dernier revenu d’activité en France (plus pour les bas salaires et les fonctionnaires, moins pour les cadres du privé), elles n’en représentent que 41% aux États-Unis. Et c’est une moyenne.
Résultat: les Américains de plus de 65 ans sont de plus en plus nombreux à continuer à travailler, et parmi eux, ils sont davantage à travailler à temps plein. Malgré tout, 70% des plus de 65 ans ont un revenu annuel inférieur à 50.000 dollars, qui est le revenu médian (celui qui divise la population en deux moitiés égales) aux États-Unis. Autrement dit, les retraités disparaissent des statistiques des hauts revenus.
Ainsi, dans ce pays où les inégalités ont fortement augmenté au cours des dernières décennies, il y a au moins une catégorie de la population qui est à l’abri de ce fléau: les seniors. Leurs revenus fléchissent de façon assez uniforme. Voilà une forme de justice sociale que, peut-on supposer, personne n’a envie de copier ici.