L’Italie n’est pas encore les Etats-Unis d’Amérique et la nomination d’une ministre d’origine africaine dans le gouvernement de coalition ne finit pas de déchaîner la haine des xénophobes, y compris de certains responsables politiques.
Il y a quelques jours, sur la page facebook d’une conseillère de la Ligue du Nord, dans la province de Padoue, Dolores Valandro, chargée de la santé, des politiques sociales et de la jeunesse, a posté ces propos odieux qui incitent à la violence contre la ministre : «Personne ne viole Kyengé, juste pour éprouver ce que les victimes de ce délit ressentent ? Honte à vous», suscitant un grand mouvement d’indignation. La présidente du Parlement italien, Laura Boldrini, assurant la ministre Kyengé de sa solidarité, a ainsi qualifié la sortie raciste de Valandro : «Il s’agit de propos inacceptables, teintés de racisme et de haine.»
Cécile Kyengé dérange par son franc-parler et ses positions en faveur des droits des immigrés. «Je ne suis pas ‘‘de couleur’’. Je suis Noire et fière de l’être», avait-elle précisé dès sa nomination à l’encontre de ceux qui l’insultaient sur les forums sociaux, avec des épithètes honteux comme «guenon», «zoulou»… Militant pour l’instauration du droit du sol, la possibilité pour les enfants d’immigrés nés sur le sol italien d’accéder à la nationalité italienne et pour l’abrogation du délit de l’«immigration clandestine», la ministre africaine irrite les leaders de droite qui n’entendent la question de l’immigration que comme un «problème d’ordre public» et non comme un thème des droits de l’homme.
Beaucoup d’Italiens ont encore du mal à se faire à l’idée que le pays compte également des Italiens noirs ou musulmans… Pourtant, la société italienne est devenue depuis plusieurs années un melting-pot, où le brassage d’ethnies, de langues et de confessions défile sans complexe dans les rues des métropoles de la péninsule.
Les militants de la Ligue du Nord ne pourront pas se voiler la face éternellement. […]
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