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Menacée de faillite, la municipalité américaine envisage de vendre une partie de la prestigieuse collection du Detroit Institute of Art (DIA). Explication.

Vincent Van Gogh : Autoportrait au chapeau de paille

Pourquoi la ville envisage-t-ellede vendre des œuvres du Detroit Institute of Art (DIA) ?

La ville de Détroit (Michigan, États-Unis) connaît de graves difficultés financières. Sa dette est évaluée entre 15 et 17 milliards de dollars. Elle est en partie constituée de pensions de retraite non capitalisées.

Face à la faillite potentielle de la ville, le gouverneur Rick Snyder a nommé en juin un gestionnaire d’urgence. Pour satisfaire les créanciers de la ville, celui-ci envisage de vendre une partie de la collection du DIA, qui appartient à la municipalité. La vente forcée d’œuvres appartenant à l’un des dix premiers musées américains serait sans précédent dans l’histoire de l’art.

Que contient la collection du Detroit Institute of Art ?

Le DIA abrite une collection de plus de 60 000 pièces, accumulées depuis les premières donations, en 1883. Son département d’art européen est particulièrement prestigieux. Parmi ses œuvres majeures, La Danse de la mariée de Bruegel l’Ancien (évaluée à 100 millions de dollars), un Autoportrait de Van Gogh, Le Penseur de Rodin… La collection compte aussi des œuvres de Rembrandt, Van Eyck, Matisse, Picasso, Bacon, Rothko ou Giacometti.

Un musée peut-il disposerlibrement de sa collection ?

Selon les règles en vigueur aux États-Unis, un musée ne peut vendre des œuvres que pour réinvestir dans sa collection par l’acquisition de nouvelles pièces. Dans le passé récent, certains musées ont cependant été tentés de contourner cette règle pour solder des dettes, « mais en général, cette attitude suscite l’indignation et leurs directeurs ont perdu leur emploi, souligne Dewey Blanton, porte-parole de l’Alliance américaine des musées (AAM). Vendre des œuvres pour des raisons financières est toujours une tentation, mais la plupart des musées y ont jusqu’à présent résisté. Il faut toujours se rappeler que le musée est là pour préserver la collection et non l’inverse. »

Quelles ont été les réactions à l’annonce faite à Détroit ?

L’annonce a provoqué la stupeur. « Les médias du monde entier se sont intéressés à notre cas », souligne Pam Marcil, responsable des relations publiques du DIA.

Les directeurs de nombreux musées américains ont assuré le DIA de leur soutien. Pour Dewey Blanton, disperser cette collection serait une grave erreur : « Si Detroit doit se redresser, elle le fera en s’appuyant sur son musée, qui est la clé de la renaissance de la ville. » Il craint que cette politique ait un impact négatif sur de futures donations privées.

Les habitants de Détroit ont également exprimé leur désapprobation. D’autant que leur musée est à l’équilibre financier et a rouvert, en 2007, après sept années de travaux de rénovation. Signe de leur attachement, les habitants des comtés de Wayne, Oakland et Macomb ont accepté très majoritairement un nouvel impôt pour soutenir le DIA, en août dernier.

Les risques de vente sont-ils réels ?

Si la ville est déclarée en faillite, rien n’empêchera le juge des faillites de commander la vente de la collection. Le seul recours des citoyens sera alors le bulletin de vote, aux prochaines élections municipales. Pour éviter d’en arriver là, le sénateur du Michigan tente actuellement de faire voter une législation empêchant la dispersion de la collection du DIA en cas de déclaration de faillite.

La Croix

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