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Député radical de gauche du Calvados, Alain Tourret, 65 ans, a piqué un coup de colère mercredi en commission des lois contre les cadences de travail imposées à l’Assemblée. Cet avocat, spécialiste du droit du travail, s’explique.

Comme avocat, spécialiste du droit du travail, j’ai souvent plaidé contre des employeurs pour «harcèlement» ou «mise en danger de la vie d’autrui». À l’Assemblée, le harcèlement ne tiendrait pas: nous ne sommes pas les salariés du président Bartolone.

Vous avez dénoncé mercredi «les conditions de travail insupportables» des députés. Pourquoi ce coup de gueule ?
Nous travaillons à un rythme effréné et, donc, mal. J’ai calculé: au moment des débats sur le Mariage pour tous, en février, j’ai siégé 250 heures dans l’hémicycle! Et cela ne va pas s’arranger. Ce ne sont pas moins de vingt-cinq textes qui arrivent pour la session spéciale de juillet. […] Vos critiques ne tombent-elles pas mal quand dix de vos collègues affirment cette semaine vouloir «abolir leur privilèges» ?
On peut toujours sortir n’importe quelle connerie populiste! On trouvera toujours plus malheureux que nous. Il y en a qui cassent du caillou. Nous, on est là pour être à l’Assemblée et dans nos circonscriptions. Là, on produit des textes à la hache, à la serpe, à la faux, comme je l’ai dit à mes collègues. Il faut aussi savoir que la moyenne d’âge des députés se situe autour de 50-52 ans, elle est plus élevée que dans l’entreprise.
La qualité du travail législatif se dégrade ?
Par la force des choses. Actuellement, beaucoup de textes passent par la voie de l’urgence. Il devient quasiment impossible de les réécrire, de discuter du fond. Cela devient très manichéen: «Vous êtes pour? Vous êtes contre?». Nous produisons sans réfléchir. On fait du Sarkozy, en pire. Cela aura forcément des conséquences. […] Le Figaro

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