Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des migrants, François Crépeau a fait escale au Parlement européen. Interview
Q : Les ONG de défense des droits de l’homme parlent d’une “Europe forteresse”.
F. Crépeau : Une chose est sûre : la conception qu’ont la plupart des Etats européens de la question migratoire est une conception sécuritaire. Ils ne sont pas les seuls, c’est vrai partout dans le monde. Ce n’était pas le cas il y a 30 ans.
Elle oublie l’autre volet de sa mission qui est d’aider les migrants dont la présence sur le territoire européen peut se justifier…
Les migrants – y compris ceux en situation irrégulière – ont les mêmes droits fondamentaux que les citoyens.
Ils devraient être traités exactement comme les autres citoyens.
Q : Ne règne-t-il pas une certaine opacité autour des conditions de rétention de ces personnes qui, a priori, n’ont rien commis de répréhensible ?
F. Crépeau : Ce que vous venez de dire est très important. Le migrant en situation irrégulière n’est pas un criminel. L’entrée irrégulière ou le séjour irrégulier est une violation d’une règle administrative, mais ce n’est pas un crime.
La détention préventive pour ces personnes, comme pour tout un chacun, n’est justifiée que si elles représentent un danger pour elles-mêmes ou pour d’autres ou si elles risquent de ne pas se représenter à une procédure ultérieure à laquelle elles sont convoquées. La Directive Retour européenne prévoit d’ailleurs que la détention soit un acte de dernier recours.
Tant que l’on n’a pas une ouverture à la migration légale pour les besoins du marché du travail européen, les migrants continueront à arriver irrégulièrement parce que ces employeurs ont de toute façon besoin d’eux.
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