Le président est allé baiser la babouche de l’émir 48 heures avant son abdication. Entre perte de temps, humiliation et incompétence…
Ce n’est pas le genre à piquer des colères, mais François Hollande a fait connaître son mécontentement à ses conseillers à propos de sa visite officielle au Qatar.
“On a affaire à une équipe d’amateurs”,
soutient un visiteur du soir du président de la République.
Il est en effet pour le moins étonnant d’effectuer un voyage officiel à Doha la veille de l’abdication de l’émir. Hollande a rencontré des gens qui ne sont plus au pouvoir aujourd’hui !
C’est désormais le fils de l’émir qui dirige la pétromonarchie.
Certes, ce prince francophile a été présenté à l’hôte de l’Élysée, mais on lui prête le dessein de tout chambouler au sein de la gouvernance de l’émirat.
Premier signe du changement : l’ambassadeur de Doha à Paris va céder sa place à un membre de la famille royale. L’actuel représentant est considéré comme trop proche de Nicolas Sarkozy et de l’UMP en général. Au moins, en présentant ses lettres de créances au président, ce dernier aura alors tout loisir de faire sa connaissance.
“Ça revient bien moins cher et c’est plus efficace que de se rendre en délégation au Qatar pour y voir des gens bientôt évincés de l’organigramme qatari”,
ironise un parlementaire du Groupe d’amitié France-Qatar.
D’autant que pour François Hollande, comme pour ses conseillers, il suffisait de lire l’annonce de cette succession tranquille annoncée sur Le Point.fr dès le 5 juin dernier…
L’audition de l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine par le juge Renaud van Ruymbeke le 20 juin dernier révèle qu’Edouard Balladur et ses conseillers ont connu pareille déconvenue en janvier 1994, en Arabie Saoudite, dans le cadre des négociations relatives au contrat d’armement Sawari II. (Fortune).
Extraits :
Lors du voyage de M. Balladur, janvier 1994, qui s’est traduit par un fiasco,
il y avait un journaliste et Nicolas Bazire m’en a voulu. Le Roi n’avait pas signé le contrat. (…). Il n’était nullement question à l’époque pour les autorités saoudiennes de signer le contrat Sawari II.
Je savais que ce contrat n’était pas arrivé à maturité. La discussion ne faisait que commencer. Messieurs Balladur et Bazire ont pensé, en emmenant des journalistes, que le contrat allait être signé
et ils m’ont fait porter le chapeau. Ils avaient emmené avec une délégation composée du Ministre de l’Industrie, le Ministre de la Défense etc.
J’étais sur place mais Nicolas Bazire n’en était pas informé. Après, je le lui ai dit.
J’ai réglé la sortie de Balladur là-bas en demandant à M. Bazire qu’il fasse un communiqué de presse à toute la presse, de l’avion, disant qu’ils devaient aller dans le Languedoc Roussillon à cause des inondations pour justifier leur départ tant à l’opinion publique française qu’aux saoudiens.
C’est dans ce cadre que le Prince Sultan les a raccompagnés à l’avion.
Bazire était furieux de la non signature du contrat.
Je ne l’ai d’ailleurs plus vu jusqu’après la signature du contrat le 24 novembre 1994.