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Chronique de Bernard Guetta dans Libération, sur l’urgence de contrer la montée du Front national.

Il est temps de dire que, si peu clair et charismatique que soit François Hollande, les évolutions qu’il introduit sont parfaitement sensées et que, s’il fallait demain une union nationale pour les accélérer, ce ne serait pas le scandale des scandales.

Comme les malades atteints du cancer, nous ne voulons pas savoir. Le Front national vient de faire plus de 46 % des voix. Cette extrême droite que l’infamie de la collaboration avait ostracisée depuis la Libération retrouve une légitimité, frise la majorité et devient incontournable. Des électeurs de gauche lui ont apporté leurs voix et que lit-on ? Qu’entend-on ? Que c’est l’alerte rouge ? Qu’ici, en France, la situation est tout aussi grave qu’en Hongrie et bien plus grave qu’en Grèce ? Non, pas du tout. Il est minuit, dormez braves gens, dit le guet, car, lorsqu’on ne veut pas s’inquiéter, on trouve toutes les raisons de ne pas le faire. […] La France d’aujourd’hui n’est ni l’Italie ni l’Allemagne de l’entre-deux-guerres mais ce cocktail n’en est pour autant pas inoffensif. Ce n’est pas une répétition mécanique des années 30 qui menace mais le parti qui pourrait bien engranger le plus grand nombre de suffrages aux élections européennes de l’année prochaine n’en surfe pas moins sur toutes les peurs, le «tous pourris» et la diabolisation des «élites» comme traîtres à la patrie et suppôts des grandes banques. Si l’on ne trouve rien d’inquiétant à cela, dormons mais l’on serait mieux inspiré de sauter du lit avant que le FN ne soit devenu le premier parti de France car, ce jour-là, le réveil sera dur. […] Libération

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