Dans une lettre datant de 1899 le jeune Churchill avouait ses rêves de gloire militaire et son désespoir devant un monde qui allait désespérément vers la paix universelle. Churchill, comme la plupart de ses contemporains, était alors persuadé que la « mondialisation » de la fin du XIXe siècle allait entraîner la paix par la prospérité et l’interdépendance des économies. La guerre entre nations européennes paraissait alors comme une « grande illusion » pour reprendre le titre du livre de Norman Angell-Lane paru en 1910.
Par Michel Goya
En réalité, cette première mondialisation avait surtout exacerbé les sentiments nationaux et engendré de nouvelles ambitions chez les nations qui en avaient profité.
La fin de la guerre froide et les bienfaits de la mondialisation démocratique et libérale ont suscité des espoirs similaires de fin de la guerre.
à côté de ces quelques affrontements géants, on a vu se multiplier un peu partout des « poches de colère » dans toutes les fissures des sociétés.
les périodes de croissance ont tendance à susciter des conflits entre les nations alors que les périodes de récession ont plutôt tendance à susciter des conflits dans les nations.
Le résultat est que dans la majeure partie du monde, les Etats ne contrôlent plus qu’une partie de leur territoire, le reste, côté obscur de la mondialisation, est celui des oubliés du développement mais aussi souvent celui du particularisme et de la tradition.
Si la guerre est presque nulle part, l’insécurité est désormais un peu partout.
Ces groupes ne sont forts que parce que les Etats sont faibles. Alors que ces derniers voient leurs ressources comptées, les organisations armées bénéficient elles à plein de la mondialisation.
Ce n’est plus la force des Etats qui incite au conflit extérieur mais leur faiblesse même, qui suscite des contestations internes de plus en plus violentes.
La guerre mondiale en cours est une guerre pour la survie des Etats contre les forces diverses et multiples qui les rongent de manière peu visible par en haut et, plus spectaculairement, par en bas, par toutes ces fissures qui sont apparues