Le parti de l’In-nocence juge aussi déplacée que ridicule l’espèce de frénésie laudative dont est pris l’univers médiatique à l’approche, croit-il, de la mort de Nelson Mandela : d’abord parce que le père de la nouvelle Afrique du Sud n’est pas encore mort, ensuite parce que cette nouvelle Afrique du Sud, avec sa criminalité hallucinante, la corruption et l’incompétence de son personnel politique, le processus de décivilisation, plus rapide encore que le nôtre, dans laquelle elle semble engagée, n’est point telle que lui avoir donné naissance doive valoir pareille vénération universelle.
Nelson Mandela a mené son combat pour la liberté de son peuple avec un remarquable courage, une haute intelligence et une persévérance admirable, bien dignes d‘éloges. Il n’en reste pas moins qu’il laisse un pays plus violent qu’il ne l’a trouvé. Le racisme y prospère tout autant qu’auparavant, même s’il a changé de direction principale.
Quant aux vestiges de la prospérité mal répartie d’antan, ils doivent leur conservation, pour l’essentiel, à ce qui reste, jusqu’à présent, de la minorité blanche, que le nouveau régime a eu la sagesse intéressée de ne pas jeter à la mer, contrairement à ce qui s’était passé trente ans plus tôt en Algérie, pour son plus grand malheur économique, et à ce qui est arrivé plus récemment au Zimbabwe voisin.