Pour Jean Daniel, éditorialiste dans l’hebdomadaire Nouvel Obs, la peur qu’inspirent «les Arabes en révolution» alimente en France les succès de Le Pen et de l’extrême droite.
L’ascension irrésistible de Marine Le Pen est annoncée au point que, si l’on fait des extrapolations, lorsque vous vous promenez sur les boulevards, vous avez une chance sur quatre de croiser un partisan du Front national. Une chance sur quatre ! Et il se peut qu’il ne vous paraisse pas antipathique.
Il fut un temps où l’appartenance aux groupements de Jean-Marie Le Pen était inscrite sur le front de leurs adhérents. Ce n’est plus le cas. Et si l’on va plus avant dans l’analyse des défaites infligées au Parti socialiste, comme d’ailleurs à tous les autres, il est difficile de ne pas laisser renaître la mélancolie. Mais c’est décidé, nous ne participerons plus, de près ou de loin, à une entreprise de démoralisation et de démotivation.
Toujours en cheminant aux côtés de nos politologues, nous découvrons cependant un nouveau sujet de désaccord. Il semblerait que tout ait changé et que l’émigration ne soit plus un problème majeur. En particulier, la présence et l’arrivée d’un grand nombre d’immigrés en France ne joueraient aucun rôle dans les résultats électoraux, ni par conséquent, dans la montée du Front National. Et c’est là qu’en dépit de mon incompétence et du manque d’heures penchées à analyser les scrutins, je suis en désaccord.
L’islam reste pour les musulmans de France une composante majeure de leur identité, et cela au moment même où tant d’entre eux chantent leur intégration à la nation française.
Et ils le font avec d’autant plus de conviction maintenant qu’on les a entraînés, ces derniers temps, dans des débats sur le sexe, la nourriture et le mariage. C’est en tant que Français qu’ils exigent le respect de leurs rites musulmans. C’est cet islam français que redoutent les électeurs de Marine Le Pen. […] Le Nouvel Obs