Ce matin, la résidence des Facultés est fatiguée. La même scène à la même heure se joue encore et encore, comme un film qui bugue.
Des agents de la fourrière emportent une camionnette en panne quand la police se glisse dans le bâtiment D. Elle a reçu des plaintes de deux propriétaires, leurs appartements sont squattés ; les agents frappent aux portes, on leur ouvre : plusieurs personnes en séjour irrégulier vivent là, Dieu sait depuis combien de semaines ; deux d’entre elles vont être conduites au centre de rétention administratif, les autres seront expulsées du logement.
Dans le bâtiment E, l’ascenseur ne fonctionne pas depuis un mois. On prend les escaliers, un vêtement sur le visage pour se protéger des odeurs d’urine et de fumée froide. Le ménage n’est plus assuré depuis des mois. Au cinquième et dernier étage, des entreprises privées nettoient ce qui reste du dernier incendie
Les incendies, Alain connaît. “J’ai vu sept appartements brûler en deux ans et demi, seulement sur mon étage.” Tous d’origine indéterminée. Certains disent qu’un homme déséquilibré, serait à l’origine de plusieurs d’entre eux. “Je n’en peux plus, lâche Alain.
Il y a sept ans, dans cette résidence, j’ai été attaqué avec une barre antivol, j’ai perdu mon oeil droit. Je perçois 700 € de pension d’invalidité et paie 485€ de loyer pour vivre dans la misère et l’insécurité.
Je ne peux plus recevoir mes petits-enfants dans ces 27 m² infestés de cafards et de puces et je ne peux pas descendre les escaliers pour sortir d’ici. […]
[…] on se demande dans quel état on va trouver notre appartement, s’il n’a pas été forcé, pillé, incendié. Impossible d’aller vivre ailleurs où on nous demandera des garanties.” […]