Vivien Hoch, chercheur en philosophie, souhaite que la «visibilité« du ramadan en France permette «de décomplexer les chrétiens vis-à-vis de leur pratique religieuse et de leurs traditions ».
Le ramadan démarre dans une fanfare médiatique, politique et avec la bénédiction des responsables marketing des supermarchés de banlieue. Visible, communautariste et exotique, le ramadan semble devenu le rite religieux le plus suivi en France, ce qui ne peut manquer de questionner le chrétien, et de le mettre en face de sa propre pratique. Montrez-moi un chrétien qui jeûne encore pour le carême. Qui voit et célèbre encore en Noël autre chose qu’un repas et des cadeaux en famille ? […]
Le contraste entre le battage médiatique autour du ramadan et le silence entrecoupé de moqueries qui entoure les pratiques religieuses de l’Église catholique est significatif de l’ambiance idéologique qui règne en France. Il suffit de sortir de sa sacristie pour constater que la pratique religieuse catholique (confession, carême, pénitences, etc.) est perçue comme extrêmement ringarde, y compris par de nombreux catholiques ; a contrario, il est extraordinaire pour tout ce beau monde de voir les fidèles musulmans respecter leurs rites et leurs pratiques plutôt visibles.
C’est dans ce cadre que la pratique très visible du ramadan en France devrait interroger tout chrétien, ou même tout patriote qui sait que la vie de son pays, de ses régions et de ses villages a été portée par une ritualité chrétienne. La pratique du ramadan en France pourrait permettre de réinterroger notre rapport à notre propre religion, à nos propres traditions et à nos propres repères.
Le ramadan réimplante au cœur de la France un sens de la communauté et une ouverture au sacré que les Français en général ont complètement abandonnés. Si le ramadan peut servir d’aiguillon pour les chrétiens, et réveiller les traditions, les rites et les belles pratiques religieuses, alors je dis : bon ramadan !
Bon ramadan