[extraits] Installée dans le quartier de la Belle de Mai, une médecin raconte son quotidien, où les exigences de soins se heurtent à une précarité et à un intégrisme galopants.
“Jamais je n’aurais imaginé qu’en 2013 je serais séquestrée dans un appartement au milieu d’une dizaine de personnes qui me demandent d’établir un certificat de virginité pour l’une de leurs filles.”
Les temps ont changé, “la Belle” aussi. Une importante communauté maghrébine et comorienne s’est implantée ces trente dernières années. (…)
Marie a choisi de briser l’omerta. Pas de noms, ni de photos ni de détails qui peuvent l’identifier : tel est le prix de sa tranquillité. (…) À plusieurs reprises, elle explique avoir saisi les services sociaux face aux cas les plus graves. Mais parfois, devant la réticence de quelques familles, elle avoue avoir fait machine arrière. “J’ai envie de rester en vie”, lâche-t-elle, avouant ressentir quotidiennement de la peur lors de ses consultations. “Vous savez, dans ce quartier, on n’est plus en République.”
Depuis son arrivée à la Belle de Mai, Marie apprend à faire avec la violence, souvent verbale, parfois physique. “Au départ, on vous demande avec insistance des ordonnances et puis un jour cela dérape et on se retrouve face au canon d’une kalachnikov” (…)
“Il m’arrive d’être confrontée à des situations de violences intrafamiliales sordides, touchant des enfants maltraités et des femmes séquestrées”, confie-t-elle.
Elle révèle ainsi le cas d’épouses venues directement de pays du Maghreb, ne parlant pas le français, transformées en “esclaves” par leurs maris, qui justifient ce traitement par la religion.
“J’apprends qu’on leur a confisqué leurs passeports et que certaines sont venues en France contre leur volonté”, précise-t-elle.
Soulignant de nouveau la précarité du quartier, elle assure : “Une telle pauvreté est le terreau idéal à une montée de la radicalisation et des extrémismes. Je suis confrontée de plus en plus à des femmes voilées, parfois intégralement.”
Le Point – merci Pitch
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