Dans un rapport qui sera rendu public en septembre, les magistrats pointent l’inefficacité et la désorganisation de la principale mutuelle étudiante.
Les étudiants, captifs d’un système de mutuelle qui fait mal son travail ? C’est ce que laisserait entendre un rapport de la Cour des Comptes qui doit être rendu public en septembre. Selon “Le Monde”, qui s’est procuré une version préparatoire du texte, les magistrats de la rue Cambon épinglent le système de sécurité sociale étudiante, pointant notamment “une qualité de services (…) globalement très insatisfaisante” et des “coûts de gestion élevés avec une faible productivité”.
Principale cible : la Mutuelle des étudiants (LMDE), système national qui se partage le marché avec un réseau de mutuelles régionales et qui attire une bonne moitié des 1,7 millions d’étudiants, obligés de s’affilier pour bénéficier d’un remboursement de soins.
Pour parvenir à ces conclusions, la Cour des Comptes a réalisé une enquête de satisfaction auprès de plus de 1.700 personnes affiliées à la LMDE. Selon “Le Monde”, la note moyenne de satisfaction atteint à peine 2,33 sur 5.
Pourquoi tant de mécontents ? D’après la Cour des Comptes, la LMDE n’est pas franchement facile à joindre : elle ne serait en mesure de répondre qu’à un appel téléphonique sur 14 et aurait accumulé en février plus de 200.000 courriers en attente de réponse ! Sans compter un retard important du développement des services en ligne. Résultats : des retards de remboursement, ou encore neuf mois pour envoyer une carte vitale. Le tout malgré des frais de gestion qui ont augmenté de plus de 7 % depuis 2005.
Citée par “Le Monde”, la présidente de la LMDE, Vanessa Favaro, confirme : “Nous avons connu de gros soucis en 2012 en raison d’une réorganisation interne complexe, mais la situation est revenue à la normale. Nous répondons à un appel sur deux, même si ce n’est toujours pas suffisant.”Mauvaise gestion
La Cour des Comptes pointe également une gestion défaillante. Malgré des difficultés financières chroniques (23 millions de pertes accumulées en 2011), la mutuelle ne serait pas parvenue à réduire la masse salariale et aurait même versé 2,2 millions d’euros d’intéressement aux salariés entre 2007 et 2011 quand elle perdait dans le même temps 3,8 millions d’euros.
Au bord de la faillite, la LMDE a été contrainte de s’adosser en février à la MGEN, qui contrôle désormais la gestion de la mutuelle. Un rapprochement aux conséquences financières non encore évaluées, mais qui a d’ores et déjà donné lieu à… des pratiques graves de favoritisme entre les deux organismes.
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Mercredi soir, la LMDE a réagi à l’article du “Monde” dans un communiqué : “La LMDE a accueilli avec étonnement les allégations contenues dans le journal “Le Monde” (…)
Nouvel Obs