Chercheurs, représentants de l’ordre et experts regrettent que le fait religieux, notamment l’islam, ne soit pas suffisamment enseigné dans les écoles de police, afin d’éviter des débordements encouragés par certains fondamentalistes.
« La loi sur le voile a donné une teinte religieuse à un vieux conflit latent entre les jeunes et la police », relève pour sa part Marwan Mohammed, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales, spécialiste de la banlieue.
D’où l’importance de faire preuve de discernement, afin de ne pas créer davantage de troubles qu’il n’en existe déjà, insiste Mohamed Douhane, commandant à Paris, secrétaire national de Synergie officiers. « Il existe quelques fondamentalistes qui sont dans une logique de provocation. Ils cherchent avant tout à instrumentaliser des délinquants pour créer des émeutes », explique-t-il.
Selon lui, la loi doit s’appliquer de la même manière pour tous, mais la dimension culturelle de chacun doit être prise en compte. « Pour éviter malentendus, récupérations et victimisations, il faut une connaissance minimale de ce qu’est la religion et un minimum de bon sens. Par exemple, il peut être hasardeux de contrôler une femme voilée sur un marché bondé », précise-t-il.
FORMER LES POLICIERS À LA DIFFÉRENCE CULTURELLE
L’affectation de policiers peu expérimentés dans les quartiers populaires n’aide pas. Avant même les difficultés liées à la relation entre les forces de l’ordre et l’islam, se pose la question de groupes sociaux qui d’ordinaire ne se fréquentent pas.
« Les policiers sont issus de classes moyennes et sont envoyés dans les banlieues, qu’ils ne connaissent pas. On n’arrive pas à recruter des policiers issus de ces quartiers. Ceux qui y sont affectés ne font qu’y passer puis s’en vont sans créer de liens », regrette Christian Mouhanna, sociologue de la police.
Des efforts de formation à la différence culturelle et religieuse existent pour combler ce fossé. Mais ils n’en sont qu’à leurs balbutiements.[…]
La Croix