Le plus haut gratte-ciel du monde, avec 838 mètres de hauteur, doit être construit en dix mois !
Coup de génie ou coup de bluff ? Le conglomérat chinois Broad Group a annoncé, samedi, avoir entamé les travaux de construction de sa tour « Sky City » près de la ville de Changsha, située au centre de la Chine. Un projet aux dimensions exceptionnelles : avec ses 838 mètres de haut, le bâtiment doit devenir le plus haut du monde, surpassant de 8 mètres la tour Burj Khalifa de Dubaï.
Plus époustouflant encore, Broad Group promet de boucler la construction de « Sky City » en dix mois, c’est-à-dire en avril prochain. Pour mémoire, celle de la tour de Dubaï avait pris cinq ans. Le tout pour un budget de 9 milliards de yuans (1,1 milliard d’euros), soit 43 % de moins que Burj Dubai…
Tout à sa vision futuriste d’une ville écologique où les déplacements terrestres seraient réduits au minimum, Zhang Yue veut créer, comme son nom l’indique, une véritable ville verticale, située à la campagne. Avec son million de mètres carrés, ses 208 étages, ses appartements, écoles, centres commerciaux, hôtels, restaurants, parcs, piscines, théâtres, cinémas, son hôpital et même sa promenade piétonne allant du rez-de-chaussée au 169 e niveau, la tour doit devenir pour ses 30.000 résidents potentiels un véritable lieu de vie.
Des doutes techniques
Preuve que tout le monde ne voit pas ce projet d’un bon œil à Pékin, le très officiel « Quotidien du Peuple » a critiqué sur son micro-blog « la vénération aveugle portée aux gratte-ciel de hauteur démesurée ». De fait, « Sky City » semble surtout révéler la mégalomanie de son créateur, un homme connu pour avoir installé ses usines au milieu d’un parc où se trouvent, entre autres, une pyramide dorée de 30 mètres de haut, une réplique du palais de Versailles, et des statues de grands hommes allant de Confucius à Socrate en passant par Napoléon.
Techniquement aussi, le projet fait débat. Il y a bien sûr les inquiétudes concernant la résistance aux tremblements de terre – Broad Group affirme que son bâtiment résisterait à une secousse de degré 9 sur l’échelle de Richter ! Il y a ensuite les problématiques d’évacuation, en cas d’incendie notamment. Mais surtout, comme le pointe un architecte européen basé à Pékin, « pour des bâtiments de très grande taille, les contraintes physiques sont énormes, et par conséquent, la continuité du matériau est importante. Opter pour une structure modulaire implique d’utiliser, dans l’assemblage, des points de jonction supportant des forces extrêmes ».
Autant de raisons qui l’incitent à penser que cette tour, si elle voit le jour, ne sera « pas construite de façon entièrement modulaire mais avec une technologie hybride ». Comment tenir les délais dans ce cas ? Là encore, le scepticisme est palpable. Mais pour Zhang Yue, une partie de la bataille est déjà gagnée : par son effet d’annonce, il est déjà parvenu à capter l’attention médiatique. « Tout le monde nous interroge sur cette tour et nous demande pourquoi nous ne faisons pas la même chose », lâche le même architecte.