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Farid Laroussi, Professeur de lettres à l’université de Colombie britannique, Vancouver, (Canada), revient sur les émeutes de Trappes et fait un lien avec le passé colonial de La France. D’origine algérienne, né en France, il a pris la nationalité américaine.
Il avait tracé sur le site oumma le portrait d’une «France des clochers de villages et de la terrine de porc» sur laquelle plane l’ombre de Vichy. (Voir Fdesouche)

La cerise sur le ghetto c’est le discours sur l’insécurité et les raids de la police dans les cités dites sensibles où l’on rejoue la bataille d’Alger.

A l’heure où la parole raciste s’est libérée dit-on, il n’est pas plus mal d’entamer les débats par un peu de provocation. Et si en effet la crise sociale que traverse la France depuis la fin des années 1980 était dûe à une espèce d’impasse postcoloniale ? […] Oui, on peut parfaitement être français et musulman au vingt-et-unième siècle, et ce sans avoir à se justifier de quoi que ce soit. Justement le nombrilisme défensif franco-français (alimenté par la même élite qui faisait la leçon à la classe ouvrière de jadis) peut amuser ou exaspérer, mais il demeure inexcusable. Inexcusable en ce qu’il lie son affirmation dans le contact périlleux avec le discours honteux et néantisant du racisme.
Bien sûr la fachosphère s’en donne à coeur-joie, entre illuminés des théories identitaires, nationalistes anti-Europe devenus croisés version endimanchés, chrétiens fondamentalistes limite hystériques face une foi qui s’amincit, ou nostalgiques de l’Algérie française qui croient toujours que le totalitarisme colonial c’était leur Renaissance à eux. De toute évidence il faudra plus que le Front National pour ravigoter les illusions perdues. Qu’à cela ne tienne, les autres partis politiques lui ont emboîté le pas. […] Il est anormal qu’avec une histoire coloniale de plus de cent trente ans au Maghreb, la France ne comprenne toujours rien à l’islam. Là les musulmans de service (Malek Chebel, Abdelwahab Meddeb, et l’inénarrable Hasan Chalghoumi, entre autres) méritent notre indulgence.
Leur boulot consiste à défaire des siècles de pensée islamique, et à faire rentrer cette dernière de force dans l’obsession de l’assimilation, du mythe du musulman modéré (quelqu’un qui ferait le ramadan un jour sur deux?). […] Si l’on veut user des vertus idéologiques de l’insécurité, il faudra d’abord avoir le courage de lutter contre des taux de chômage ahurissants, des discriminations permanentes (la publicité française lave plus blanc que blanc), et une islamophobie qui donne l’illusion à certains de prendre leur civilisation au sérieux.
oumma

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