Durant tout l’été, en région parisienne, quatre affiches font la promotion de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration. Sur l’une d’elles, on peut lire : «Un Français sur quatre est issu de l’immigration», un chiffre qui peut surprendre, mais qui est attesté, selon La Croix, par différents travaux.
«Si vous remontez sur vingt générations, vous avez une bonne chance de vous trouver un ancêtre noir, originaire d’Haïti, d’Afrique ou de Saint-Domingue. » (Pascal Blanchard, historien de l’immigration)
Le Musée de l’immigration cite à l’appui de ces statistiques les résultats d’une enquête de l’Ined fondée sur le recensement de 1999 et publiée en 2004. Celle-ci, portant sur 380 000 personnes, montre que 23 % de la population a au moins un grand-parent immigré.
«L’interdiction des statistiques ethniques empêche d’y voir plus clair, mais il y a entre un tiers et un cinquième de la population qui est issu de l’immigration», commente Marianne Amar, chargée de recherche à la Cité de l’immigration. Cette estimation doit toutefois être nuancée en fonction de la géographie. Comme l’explique le sociodémographe Patrick Simon, «en Seine-Saint-Denis, la proportion d’immigrés ou de descendants directs est plus proche de 75 %, tandis que dans l’Ouest, on tombe aux alentours de 10 %».
D’autres travaux, plus récents, ont permis de proposer des chiffres plus frais. En croisant l’enquête «Trajectoires et origines» de l’Ined et d’autres sources statistiques, l’Insee avance en 2008 le chiffre de 5,3 millions d’immigrés, soit 8,4 % de la population vivant en France, principalement en provenance d’Afrique. […]
Si l’on peut encore identifier les descendants d’immigrés du Maghreb (vague la plus récente), il n’en va pas de même pour les vagues d’arrivées plus anciennes, comme les Italiens et les Espagnols, venus après la Seconde Guerre mondiale. Quant à l’immigration du XIXe et du début du XXe siècle, elle s’est depuis longtemps fondue dans la population. Les descendants des Belges, Polonais et Russes ne sont ainsi plus repérables, selon l’Insee.
Pour Pascal Blanchard, si le chiffre a pu en remuer certains, c’est que la France « ne se voit pas comme un pays de métissage ».
Sommes-nous donc tous des «enfants d’immigrés» ?
«Si l’on compte sur plusieurs générations, nous allons tous nous trouver un parent immigré. Les brassages de population ont été suffisamment importants », constate Christelle Hamel. Pour elle, l’expression «Français de souche» n’a «aucun sens». Elle préfère parler de « population majoritaire» pour désigner ceux qui ne sont ni des immigrés ni des enfants ou petits-enfants d’immigrés.
La Croix