Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, préfère parler d’actes “anti-musulmans” plutôt que d’«islamophobie», le mot étant selon lui utilisé à mauvais escient par les fondamentalistes.
Sur fond de crise économique, de misère, il existe une crise d’identité très profonde d’une partie de notre jeunesse. Preuve manifeste : le nombre significatif de convertis, dont une minorité se radicalise, et qui montre qu’une autre loi s’impose à des gens qui ne sont pas de culture musulmane.
Je suis ministre de l’Intérieur, il ne m’appartient pas de réglementer l’usage d’un mot. Les mots ont un sens, et le terme suscite la polémique. Moi, je choisis ceux que j’emploie. L’important est de souligner une réalité : les actes racistes et xénophobes exercés à l’encontre de nos compatriotes musulmans ont augmenté de 28% depuis 2012 ! [de 31% selon cet observatoire, NDLR] Mais, derrière le mot “islamophobie”, il faut voir ce qui se cache. Sa genèse montre qu’il a été forgé par les intégristes iraniens à la fin des années 1970 pour jeter l’opprobre sur les femmes qui se refusaient à porter le voile.
Les sites djihadistes font exactement la même analyse. Ils veulent donner le sentiment que les musulmans, notamment dans nos banlieues, sont les victimes des lois de la République. On l’a bien vu récemment à Argenteuil et à Trappes, pour ne parler que de ces deux villes. Pour eux, une femme voilée intégralement est une victime non de l’obscurantisme intégriste, mais de l’institution républicaine qu’est la police ! […]
A Argenteuil, les auteurs des agressions dénoncées par deux jeunes femmes voilées n’ont toujours pas été retrouvés. Leur comité de soutien et leurs proches estiment que la police est bien plus efficace lorsqu’il s’agit d’agressions contre des juifs…
La police et la justice font leur travail. Je ne peux pas accepter cette rhétorique malsaine. C’est une instrumentalisation par des intégristes. La victimisation par rapport aux juifs est une vieille technique antisémite. On dit alors que les juifs sont davantage protégés par les autorités que les musulmans. Un classique ! Cela dessert d’abord l’immense majorité de nos compatriotes de culture arabo-musulmane.
Etes-vous inquiet ?
Oui. D’autant qu’il ne faut surtout pas confondre l’immense majorité de nos concitoyens musulmans avec des groupes radicaux qui sont à l’œuvre.
Le Nouvel Obs (Merci à Un connu)