Plus de deux ans après l’entrée en vigueur de la loi interdisant son port sur la voie publique, la question du voile intégral n’est pas résolue selon Elvire Camus, journaliste au Monde, qui estime que «se pose la question de la légitimité d’une loi qui ne concerne qu’une poignée de personnes».
«Est-il possible de rendre visible une religion dont on dit qu’elle n’est pas liée à l’histoire nationale ? se demande Hicham Benaissa du Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS.. «Ce qui serait reçu favorablement par une partie de la communauté musulmane, c’est un discours qui viendrait condamner tous les actes islamophobes, qui dirait que l’islam fait partie intégrante de la société».
Si dans la plupart des cas, ces contrôles de routine se déroulent sans difficulté, les incidents relatifs à l’application de la loi dite «sur la burqa» sont réguliers et relancent le débat autour d’un texte difficile à appliquer et considéré comme étant stigmatisant par une partie des musulmans de France. […]
A ce niveau, deux visions s’opposent. Faut-il créer des lois qui soulignent les différences entre les Français, ou au contraire insister sur l’intégration de la majorité des musulmans de France ?
Pour M’hammed Henniche, secrétaire général de l’Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM93), la loi qui vise à interdire le port du voile intégral dans les lieux publics est une discrimination de plus pour la majorité des musulmans. […] A l’inverse, Philippe d’Iribarne, auteur de l’ouvrage L’Islam devant la démocratie (2013) et directeur de recherches au CNRS, estime que, même si cette loi ne concerne qu’une minorité de musulmans, elle n’en est pas pour autant stigmatisante et permet d’éviter qu’une frange intégriste, ne «prenne le contrôle de la population musulmane». […] Le Monde