Une étude révèle que les Allemands avancent le coût trop important pour un enfant comme raison principale de leur refus de fonder une famille. Le problème de la natalité en berne des Allemands n’est pas nouveau: depuis plusieurs décennies, les familles allemandes comptent de moins en moins d’enfants. Actuellement, les femmes allemandes donnent en moyenne naissance à 1,36 enfant chacune (moyenne européenne: 1,57). La Suisse est à peine plus haut avec 1,52.
Par Matthieu Hoffstetter.
Loin d’être anecdotique, ce chiffre pourrait avoir de graves conséquences économiques à moyen et long terme: besoins de main d’œuvre de l’économie, équilibre des systèmes sociaux, financement des retraites,…
Pour le moment, le gouvernement fédéral mise sur l’immigration (Turquie, Pologne, Croatie,…) pour occuper les postes vacants.
Des causes et des conséquences économiques
Mais si les conséquences de cette dénatalité sont économiques, les causes le seraient également.
C’est en tout cas ce que tend à démontrer l’enquête diligentée par la Stiftung für Zukunftsfragen (fondation pour les questions d’avenir) et qui révèle que 67% des Allemandes et Allemands estiment que le coût lié aux enfants est trop élevé. Et expliquent principalement ainsi leur choix de ne pas en avoir, selon le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).
La même étude réalisée voici deux ans indiquait alors que 58% des Allemands avançaient les coûts trop élevés comme argument principal de leur choix de ne pas fonder de famille.
Des mesures politiques incitatives
«L’incertitude se traduit par une peur de fonder une famille et freine de nombreux citoyens allemands», analyse Ulrich Reinhardt, directeur de la Fondation.
Alors que le modèle traditionnel allemand KKK (Kinder-Küche-Kirche, soit enfants-cuisine, église) a prévalu jusqu’à la fin du XXe siècle, la baisse de la natalité depuis la fin des années 1960 a incité les autorités à mettre en place des politiques favorables à la natalité.
Congés parentaux, allocations familiales, incitations fiscales: de nombreuses mesures ont été adoptées. Sans succès pour le moment: le taux de natalité stagne à un niveau très bas.
Allocations et places en jardin d’enfants
D’où deux nouvelles mesures adoptées récemment: le Betreuungsgeld, nouvelle allocation de 100€ par mois destinée aux enfants de moins de 3 ans dont les parents prennent en charge la garde eux-mêmes, et un nouvel élan pour la construction de crèches et jardins d’enfants.
La première mesure a été adoptée pour satisfaire notamment l’aile droite de la CDU de la chancelière Angela Merkel, attachée à l’éducation parentale des enfants. La seconde vise à combattre une pénurie de places dans les crèches qui génère des prix très élevés: 45 heures de garde dans un jardin d’enfant coûteraient entre 198€ et 397€, selon la FAZ.
La carrière plutôt que la famille
A terme, l’objectif est d’assurer une place pour chaque enfant âgé d’un ou deux ans dans une structure d’accueil de la petite enfance. A la fin de l’été, ce sont donc 813’000 places supplémentaires qui seront pourvues dans le pays. L’objectif fixé en début d’année d’arriver à 780’000 places supplémentaires sera donc dépassé.
Manque de places et prix du séjour découragent souvent les parents: nombre de couples allemands voient père et mère se remettre au travail très tôt après la naissance afin de financer l’accueil de leur enfant en crèche. D’où le choix de nombreux couples aussi de s’arrêter à un seul enfant.
Une mesure avait déjà été proposée par le gouvernement fédéral: impliquer les grands-parents afin de soulager les parents, en leur permettant de continuer à travailler (et donc maintenir leurs revenus) sans les forcer à grever leur budget avec des places de crèche.
tdg.ch