Tabou pendant longtemps (JCDecaux, le prestataire, refuse toujours d’aborder le sujet), l’ampleur du phénomène a forcé la mairie de Paris à communiquer pour répondre à la colère des usagers. Sur le site dédié au service, qui compte 250 000 abonnés annuels, Stéphane Thiébaut, responsable des déplacements en Vélib’ et Autolib’ à la Direction parisienne de la voirie et des déplacements, annonce que « les années 2012 et 2013 marquent le retour à un très haut niveau du vol et du vandalisme », particulièrement pendant les vacances scolaires. « C’est un phénomène récurrent qui s’accentue avec les beaux jours » confirme la mairie d’Aubervilliers, où 1 000 Vélib’ ont été volés ou vandalisés depuis le début de l’année, alors que la ville ne dispose que de 10 stations pouvant accueillir 500 vélos.
« Pour 2012, 9 000 vélos volés ou vandalisés ont été comptabilisés » détaille l’article de l’Hôtel de Ville, avant de préciser que «le phénomène est très concentré sur le nord-est parisien et les communes avoisinantes», concernant «une cinquantaine de stations au quotidien.» A l’heure actuelle, une vingtaine de stations de cette zone (couvrant le 18e, 19e et 20e arrondissements ainsi que Pantin, Aubervilliers et Bagnolet) ont été fermées «jusqu’à nouvel ordre». Il y est donc impossible de déposer ou de retirer un Vélib’, obligeant les usagers de ces quartiers à déposer leur vélo de plus en plus loin de leur lieu de déplacement, voire à abandonner temporairement le service.
«Rite initiatique»
Qui sont les voleurs de Vélib’ ? « Principalement des mineurs, explique Christophe Crépin du syndicat UNSA Police. C’est une criminalité saisonnière, liée à d’autres actes d’incivilité, principalement parce que ces jeunes sont désœuvrés. Ils n’ont pas l’impression de voler quelqu’un mais juste de s’en prendre à l’Etat. » Pas de filières organisées et spécialisées donc, malgré les fantasmes alimentés par la désormais célèbre photo du Vélib’ à Bamako. « Les vélos sont difficilement revendables en France, ajoute Christophe Crépin, il s’agit généralement plus d’opportunisme qu’autre chose. »
A la mairie d’Aubervilliers, on a une analyse plus sociologique du phénomène : « Dans les quartiers, c’est un peu devenu un rite initiatique, un symbole de virilité pour les 13-16 ans que de voler un Vélib’. Après, il y a aussi le fait que le service a longtemps été perçu comme un élément allogène sur “leur” territoire, une pratique issue de la culture bobo. Qu’ils se sont réappropriée de manière délictueuse. »
(…) Seule Toulouse, considérée comme « la capitale de la casse » avec 75% de son parc cycliste malmené chaque année, semble rivaliser avec Paris. « On voit des choses assez incompréhensibles, explique Bernard Marquié, adjoint au maire en charge des transports. Des rangées entières de bornes sont vandalisées, sans raison apparente. Pour ce qui est des vols, c’est une constante à l’année, il n’y a pas de pics l’été. Cela dit, on retrouve environ 60% des vélos. » La ville commence malgré tout à étendre son système aux quartiers sensibles de la ville, comme la Reynerie et le Mirail.
(…) libération
Merci à Nesley