Quel rôle l’État doit-il jouer, peut-on vivre avec le moins d’État possible ? Cette thématique était au centre de la dernière élection présidentielle américaine. Reportage dans deux villes qui partagent un même sort: elles sont au bord de la faillite. Mais c’est leur seul point commun.
Trenton, capitale du New Jersey, à majorité noire et hispanique, est complètement dévastée – et vit désormais avec une force de police amputée d’un tiers. Résultat : les crimes ont augmenté de façon spectaculaire. Une insécurité qui la fait glisser un peu plus dans l’abîme.
A une heure à peine de New York c ’est l’une des villes les plus dangereuses des États-Unis, un terrain de jeu pour les gangs et les dealers, et pourtant Trenton a dû licencier plus de 100 policiers, soit un tiers de ses effectifs. A l’image de nombreuses cités américaines au bord de la faillite, elle n’a même plus les moyens de payer pour la sécurité publique.
Colorado Springs, elle, vit aussi au régime sec, mais ici c’est un choix délibéré. Dans cette ville au pied des Rocheuses, le «moins d’État», c’est presque une religion.
Quand la crise a frappé, la ville de Colorado Springs a sauvé ses policiers, mais elle a sabordé d’autres services publics. Lampadaires éteints, parcs laissés à l’abandon, piscines fermées : les citoyens se sont réveillés du jour au lendemain dans un tout nouvel environnement. Ce qui est vraiment surprenant, c’est le programme d’adoption qui a été lancé par la ville: ainsi les plus riches ont pu se payer leur lampadaire ou leur parc… Et les businessmen les plus importants en ont profité pour prendre les rênes.