Fdesouche

Au moment où le gouvernement provincial, minoritaire, du Québec s’apprête à déposer un projet de loi qui interdit, entre autres, le port du foulard dans la fonction publique, les hôpitaux ainsi que dans les garderies, un chroniqueur du Journal de Montréal s’en prend à la communauté musulmane du Québec en l’accusant de « carburer à la haine ».
Dans sa chronique de mardi dernier, le chroniqueur qui travaille pour le groupe média Québecor, passe en revue son voisinage multi-ethnique et s’en prend, abruptement, aux musulmans, y compris ceux qui sont nés au Québec, dont l’existence même semble déranger.
Cette chronique a fait réagir le Congrès maghrebin au Québec (CMQ), un regroupement fondé en 2009 par des Maghrébins qui ont réussi dans la belle province et qui promeut l’intégration des Maghrébins dans la société d’accueil. « Cette attaque envers la communauté musulmane au Québec ne peut être tolérée dans une société libre et démocratique. Ces propos haineux sont blessants et discriminatoires et vont à l’encontre des valeurs québécoises de respect et de tolérance », estime le CMQ dans un communiqué.
Son président Monsef Derraji, trouve qu’il est scandaleux « de voir le Journal de Montréal cautionner ces propos racistes. La publication de ce genre de commentaires n’a pas sa place dans notre société et il est du devoir de tout un chacun de dénoncer ces propos haineux ».

A ce propos. Le CMQ demande au Journal de Montréal et au chroniqueur Michel Beaudry « de retirer ces propos et de présenter leurs excuses aux membres de la communauté musulmane dans les plus brefs délais. ».

Comme en 2007 lors des débats sur l’identité québécoise et les accomodements religieux, la loi que devrait proposer le gouvernement provincial ne va pas manquer de provoquer des débats passionées et les déclarations racistes et islamophobes.
A cet effet, le CMQ lance « un appel aux leaders communautaires et religieux, aux femmes et hommes politiques, tous partis confondus et aux Québécois(es) pour dénoncer fermement et clairement ce genre de dérapage ».
« Nous jugeons contre-productif et allant à l’encontre de la cohésion sociale et du bon vivre collectif auquel nous aspirons toutes et tous », estime Mosef Derraji.
El Watan
———————
NB : ci-dessous le texte du chroniqueur Michel Beaudry :
Depuis 28 ans, je vis à Brossard, en Asie. Chinois avec des chapeaux ronds, jolies filles la tête enrobée dans des rideaux de cuisine, sikh avec un piton dans le front ou madames drapées de draps contours, pour moi, c’est du quotidien. Dans la mesure où ils ne gossent pas les autres, ils peuvent faire ce qu’ils veulent et même se vêtir avec leur abri Tempo. Ça ne me fait pas un pli sur la différence. Si j’enfile un pantalon bleu avec une chemise brune, je ne veux pas entendre un mot. Pourquoi? Parce que je ne dérange personne et ça, c’est la règle. Nos ancêtres se sont engueulés, battus et écorchés la peau pour qu’on ait la liberté. Ne la perdons surtout pas. Ne la laissons pas filer par la voie des religions. La contrôlante Catholique nous a tenus au collet pendant plusieurs années mais nous l’avons mise à sa place. On n’accepte plus qu’elle nous dise quoi manger, qui fréquenter, comment élever nos enfants et quand passer la tondeuse. Et ce sera la même chose pour les autres.
Vous êtes heureux chez nous? Ben, adaptez-vous. Si vous ou vos parents ont choisi de venir ici, il y a une raison. C’est qu’on est bien et on a la paix. On l’a et on la fout. La grosse mode, dans notre bled, c’est la liberté. D’expression, des sexes, du mode de vie et ça commence par le respect. Ici, on lutte pour que nos femmes aient la parité dans tout et si vous arrivez en maltraitant et en limitant les vôtres, vous êtes dans le champ jusqu’au cou.
Ici, l’imposition d’une religion à qui que ce soit signifie un recul de 75 ans dans les mœurs. Oui, les plus gossants sont les musulmans parce qu’on voit ce qu’ils font ailleurs et on ne veut pas de ça ici. Trop d’intégristes, ils carburent à la haine et maltraitent leurs semblables. Ici, on a un gros penchant pour la chrétienneté parce qu’elle dicte avant tout d’aimer son prochain. Avec le temps, on a rajouté «sauf s’il te pile sur les couilles». Nous ne tendons plus l’autre joue. Une seule claque sur la gueule, c’est de trop.
La religion, c’est personnel, dans son cœur et ses pensées. What you see is what you get.
Journal de Montréal (sur abonnement)

Fdesouche sur les réseaux sociaux