Alors que l’ensemble de la classe politique effectue sa rentrée, à l’exception du Front national qui attendra le 14 septembre, pas un jour ne passe sans qu’il ne soit question du parti de Marine Le Pen.
C’est une «année décisive» qui s’annonce, estime le sondeur Jérôme Fourquet, qui observe dans les récentes études des «scores élevés voire très élevés» dans les villes françaises à l’approche des élections municipales et européennes.
Le Parti socialiste consacre une plénière à la lutte contre l’extrême droite lors de son université d’été à la Rochelle. Jean-Luc Mélenchon accuse le ministre de l’Intérieur Manuel Valls d’être « contaminé » par Marine le Pen. Et l’ancien président du Conseil Constitutionnel, Pierre Mazeaud, regrette que Jean-François Copé soit devenu « le cousin du Front national ». […]
Si le FN n’est pas la première force d’opposition, il vient perturber le balancier traditionnel du bipartisme. Et s’intercale entre un gouvernement très impopulaire et une UMP en proie à une grave crise de leadership, qui peine à être audible.
Le parti de Marine Le Pen pourrait également profiter du vent de protestation contre le mariage pour tous qui a soufflé cet hiver. La mise en lumière médiatique inédite de nombreux groupuscules d’extrême droite renvoie du FN une image moins radicale. Sans compter «le réveil d’une génération catho-traditionnelle», souligne Erwan Lecoeur, sociologue et politologue, qui voit là de possibles renforts pour le parti frontiste. […]
Un an et demi après la présidentielle qui a placé Marine le Pen à la troisième place, le FN est au mieux de sa forme. Sa présidente est à un niveau de popularité jamais atteint, et semble être en mesure de séduire de nouveaux électeurs, notamment de la classe moyenne. […]
Pour la suite, les avis divergent. Si Marine Le Pen parvient à attirer tous les élus divers droites, elle pourrait à un moment « avoir une majorité », analyse Erwan Lecoeur, lequel estime que la présidente du FN semble être «assez clairement sur la pente d’une inexorable ascension». Une hypothèse à laquelle le politologue Jérôme Fourquet ne croit pas : « il y a un plafond de verre. Le FN ne peut pas grignoter des voix de manière ininterrompu, car mécaniquement, les plus protestataires le lâchent quand il devient plus respectable».
Le Nouvel Obs