Tribune de Nathalie Rheims intitulée : «Valls vs Taubira, la bataille des mots de La Rochelle à Marignane».
Que voient les Français à la télévision ? Une mère, portant le voile, qui explique que son fils ne peut pas avoir fait ça, un frère qui met sur le même plan la folie du geste de Jacques Blondel et celle des deux garçons dont on ne s’explique pas le comportement, tout le monde trouvant par contre banal de braquer un bureau de tabac avec un fusil à pompe.
«Gagner contre le Front national, c’est d’abord gagner la bataille des mots.» À La Rochelle, c’est ainsi que Manuel Valls justifiait devant ses «camarades» un été que certains d’entre eux ont jugé trop médiatique. Pour lui, le parti de Marine Le Pen est «un parti qui simplifie tout et qui ne règle rien».
La «bataille des mots », c’est à la télévision et dans les médias qu’elle se déroule et là, paradoxe, plus l’action de l’État se révèle impuissante, plus la violence et l’insécurité se répandent sur les écrans […].
Pendant ce temps, la bataille décisive, la vraie, se déroulait à Marignane où un retraité sexagénaire d’Air France venait de se faire tuer alors qu’il avait tenté d’intervenir lors du braquage d’un bureau de tabac par deux jeunes gens armés. C’est moins lyrique que le poète de Basse-Terre, mais ça parle aux Français qui comprennent très bien ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder les vidéos réalisées autour de l’évènement. […]
Aujourd’hui, la bataille des mots est que cette mort ne reste pas complètement absurde ou réduite à un acte héroïque insensé. Mais alors, que voyons-nous à la télévision ? […]
Peut-on encore douter que Marine Le Pen soit l’unique vainqueur de cette bataille-là, n’abandonnant à Manuel Valls que quelques miettes de popularité personnelle pour sa carrière future ?
Ce garçon, qui venait d’avoir 18 ans jeudi, le jour du braquage, est connu de la police pour une douzaine de délits, principalement des vols avec dégradation ou effraction, et il a été condamné trois fois par le tribunal pour enfants. Au moment des faits, il exécutait une peine de quatre mois avec mise à l’épreuve. […] Le Point