Les immeubles de Balzac, aux portes d’Amiens-Nord, n’ont pas bonne réputation. Les logements se vident et les locataires encore présents se plaignent de l’état des lieux et de l’insécurité.
Dans le secteur Balzac, il a fait bon vivre. Maintenant, c’est fini. Avant il fallait montrer patte blanche pour venir habiter ici. Depuis 10 ou 12 ans, ça a bien changé ». Cette dame qui habite depuis une vingtaine d’années dans une tour à Balzac ne livrera pas son identité, comme tous les habitants rencontrés dans les immeubles : « Ici, vaut mieux ne pas trop s’exprimer publiquement, car les représailles vont vite ».
Certains locataires ayant voulu dénoncer des agissements dans le quartier ont eu droit à des tags sur leur porte d’habitation, voire même un début d’incendie devant chez eux.
Pas étonnant alors que des locataires préfèrent se diriger vers d’autres quartiers de la ville. « Avant Balzac était prisé. Désormais, c’est tout l’inverse. On voit plus de gens partir du quartier que de nouveaux arrivants. On a même du mal à inviter des proches chez nous car ils redoutent la traversée du parking ou du hall d’immeuble. Lorsque je reçois des invités, je les attends au pied de la tour pour les rassurer », poursuit un homme âgé. […]
Une situation qui a des retombées sur l’occupation des immeubles. Dans les tours nº2 et nº4 qui comptent 180 appartements, il y aurait environ 60 logements libres. Certains étages sont même quasiment vides de tout occupant, comme dans le bâtiment nº4, et les portes ont été blindées par le bailleur social l’OPAC. Juste pour éviter que certains logements soient squattés, comme cela s’est déjà produit.
Tous les jours, les locaux en commun sont nettoyés. Mais quelques heures plus tard, il faudrait presque recommencer. « Ceux qui font le ménage ont vraiment du courage. On les voit le matin, mais tout leur travail est saboté par des gens qui n’ont aucun respect, en jetant leurs détritus dans les escaliers, en urinant sur les murs ou en fumant dans le hall », soupire une jeune femme qui pénètre dans l’ascenseur vide, imprégné d’une forte odeur d’urine.
Le soir, au pied des immeubles, au niveau d’une petite place « c’est souvent la cour des miracles », enchaîne un jeune du quartier.
« On voit des rassemblements de jeunes à l’extérieur, ça crie jusqu’à des heures pas possibles. Quand l’hiver arrive, c’est dans les halls que tout se passe. Et il y a aussi des trafics en tout genre. Tout le monde voit, mais il vaut mieux se taire ».
[…] Les immeubles Balzac, créés en 1972, ne sont donc plus un secteur où il fait bon vivre. « Ce qu’on entend à longueur de journée, c’est que les gens se plaignent de la réputation du quartier. Et rien n’est fait pour inverser la tendance ».