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Le mercredi 19 juin 2013 ont eu lieu les 5èmes Rencontres Parlementaires de la Sécurité nationale. Elles étaient présidées par Jean-Jacques URVOAS, Président de la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale.

Par Jérôme Saiz.

Réunis au mois de juin dernier à l’occasion des cinquièmes rencontres parlementaires de la sécurité nationale, l’ensemble des services de renseignement français était à l’unissons pour dresser le portrait de la profession aujourd’hui. Entre adaptation aux évolutions technologiques, nouveaux fronts, radicalisation et départs massifs à destination des zones
de combat syriennes, les services sont désormais confrontés à de nouvelles pratiques et doivent faire répondre à de nouveaux impératifs.
(…)
Pourtant les services ne peuvent pas faire l’impasse : ils doivent évidemment être présents sur les réseaux. Et désormais en particulier pour faire face au phénomène d’auto-radicalisation sur Internet.
Leurs cibles sont alors “des jeunes souvent déstructurés, ayant vécu pour l’essentiel dans un environnement violent avec accès aux armes, qui vivent dans le virtuel et passent très rapidement à l’acte “
(Patrick Calvar, DCRI).
Difficulté supplémentaire : ces jeunes peuvent parfaitement être inconnus des services de police au moment de leur passage à l’acte. Ce phénomène est nouveau et les services estiment ne pas disposer à ce jour des moyens nécessaires pour le traiter efficacement. “Il est difficile d’agir, et souvent impossible de réprimer les administrateurs des sites de recrutement. Entre autre parce que le délit d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ne couvre pas l’acte individuel”, poursuit Patrick Calvar (lire à ce sujet “Terrorisme : quelle réponse face à l’auto-radicalisation sur Internet?” )
Bien entendu, les services ne sont pas entièrement démunis sur les réseaux. Mais leur salut, comme bien souvent, passe alors par une combinaison de différentes sources et outils, pas uniquement technologiques.
” Nous travaillons également beaucoup sur l’islamophère et ses islamonautes. Le sujet prend de l’importance : la dernière édition du magazine Inspire (magazine en ligne de propagande d’Al – Qaïda, ndlr) s’est téléchargée à cent mille exemplaires sur Internet.
Cependant si nous partons effectivement du réseau, nous corrélons ensuite avec d’autres informations, comme des préparations de voyages, des appels à l’étranger, des discours publics. Car Internet seul ne suffit pas à traiter la question”, précise Rémi Marechaux (DGSE) Internet suffit d’autant moins que le phénomène de radicalisation ratisse large et ne concerne plus seulement cette fameuse islamophère. C’est d’ailleurs devenu l’un des axes de travail majeur de la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD). “
Notre focus aujourd’hui est devenu la lutte contre le terrorisme islamiste.
Nous constatons une augmentation de la radicalisation parmi les militaires français, notamment après l’affaire Merah “,
reconnaît le colonel Pascal Rolez, adjoint au sous-directeur Contre-Ingérance à la DPSD.
Changements vestimentaire, de dialectique, arrêts maladie trop fréquents, voyages, vol de matériel : autant de marqueurs que la DPSD observe avec attention afin d’identifier au plus tôt les tentations radicales au sein des forces françaises.
Et la crainte n’est pas fantasmée :
“Nous intervenons régulièrement en assistance de la DCRI lors d’opérations contre des cellules terroristes car trop souvent hélas dans ces cellules, ou autour d’elles, l’on trouve des militaires français “,
avoue le colonel Rolez.
Autre sujet de préoccupation majeur de nos services de renseignement, la situation en Syrie. Et en particulier les départs au front de “combattants de la liberté” de nationalité française.
Patrick Calvar (DCRI) ne mâche pas ses mots :
” C’est une catastrophe. L’ampleur de ces départs est sans précédents : les volumes sont tels qu’on ne peut plus les traiter individuellement à leur retour. En outre beaucoup de ces départs ne nous sont pas connus, et pourtant la dangerosité de ces individus est avérée à leur retour”.
“Beaucoup doivent notamment faire face à des syndromes post-traumatique (bien entendu sans pouvoir bénéficier d’assistance spécialisée, ndlr). Qui plus est nous n’avons aucun soutien juridique pour agir car la qualification d’association de malfaiteurs ne peut être retenue : les groupes qu’ils rejoignent ne sont pas qualifiés de terroristes par la communauté internationale”, explique le Directeur Central du Renseignement Intérieur. Et en effet, seul un groupe de rebelles syriens est officiellement désigné comme terroriste, mais il est généralement impossible de déterminer à son retour qu’un combattant à rejoint celui-ci plutôt qu’un autre…
Pour juger de l’ampleur du problème : il y au rait eu en un an plus de départs pour la Syrie que toutes zones de conflits confondus jusqu’à présent.
A l’issue de ce débat l’on comprend mieux l’appel de nos services de renseignement pour une meilleure coopération. Ils sont désormais forcés d’opérer dans un contexte aux lignes floues. Où un militaire français peut aussi être un sympathisant islamiste en puissance, où un internaute inconnu peut devenir en l’espace de quelques semaines un fanatique prêt à donner sa vie, et où leurs adversaires sont non seulement largement fondus dans la population mais disposent également d’équipements de communication et de chiffrement performants.
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