(extraits) Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, la situation aux Antilles et à La Réunion n’était guère brillante : démographie galopante, chômage massif. La jeunesse était en ébullition, le PC poussait les DOM-TOM à l’indépendance.
Pour soulager la pression, Michel Debré crée le Bumidom (Bureau des Migrations pour les Départements d’Outre-Mer). L’objectif de cet organisme était de servir de soupape de sécurité face au chômage et fournir à la métropole la main-d’oeuvre peu qualifiée dont elle manquait.
La plupart des volontaires avaient entre 18 et 25 ans, ils étaient sans diplômes, et la France représentait pour eux un eldorado. Leur faire miroiter les qualifications dont ils rêvaient ne fut guère difficile. Ils embarquèrent en masse pour découvrir sur le continent une réalité bien différente de celle des dépliants touristiques.
La métropole avait besoin d’ouvriers du bâtiment, d’aides-soignantes, d’agents de la fonction publique de faible niveau (postiers, douaniers, agents de la RATP). Beaucoup de jeunes femmes, qui avaient cru pouvoir devenir infirmières, voire institutrices, se retrouvèrent placées comme domestiques.
A cela s’ajoutaient les difficultés à se loger dans une France raciste, le coût exorbitant des billets d’avion, l’irritation d’être confondus en permanence avec les immigrés, l’amertume d’avoir été menés en bateau comme l’avaient été, des siècles plus tôt, leurs ancêtres.
Les langues se délient aujourd’hui sur ce déplacement massif de population quasi absent des livres d’Histoire : 160 000 personnes entre 1963 et 1983, la plus grande migration intérieure qu’ait jamais connue la France.
nouvelobs.com
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