Tribune de Mabrouck Rachedi, écrivain d’origine algérienne, dans laquelle il exprime son amour de la «vraie France aux antipodes de celle figée d’un parti ayant la peur comme seul programme».
Peut-être que les premières lignes de ce texte vous ont induits en erreur. Un trompe-l’œil ? Détrompez-vous. Ils sont bien plus nombreux les musulmans qui, comme moi, avoueront un fondamentalisme républicain plutôt que religieux.
Comme cinq millions de musulmans en France cet été, j’ai profité de ce ramadan 2013 pour me ressourcer, je suis allé puiser en moi les mots, les attitudes, les sentiments capables de me rendre meilleur. Et aussi dans les textes qui m’ont accompagné pendant ces vingt-neuf jours comme ils m’accompagnent tout au long de ma vie. Pour moi, ces jours scellent un retour aux fondamentaux. […]
Aujourd’hui, je peux dire que je suis chez moi en Algérie. (janvier 2013)
«Même si je suis né en France, je me sens aussi algérien. »(janvier 2008)
Certains me diront courageux de m’affirmer à contre-courant dans une France hostile où toute manifestation de foi est perçue comme un danger. Il n’y a aucun courage à s’affirmer tel qu’on est, héritier et légataire d’une culture, maillon d’une chaîne qui donne un sens à tout. […] Oui, j’ai décidé de m’assumer pleinement en revisitant les textes fondateurs de mon pays, la France. Son Histoire, ses grands textes comme la déclaration des droits de l’homme, ses lois emblématiques, sa culture, ses livres… Je me suis découvert fondamentaliste de ce qu’ils ont bâti, de ceux qu’ils ont bâtis. Ne reniant ni mon origine ni ma culture, à la fois sources d’enrichissement inestimable et part incompressible de moi-même, j’y ai trouvé un espace de liberté formidable. Loin des conceptions qui semblent s’imposer jusqu’au plus haut niveau où laïcité semble rimer avec uniformité alors qu’elle a été pensée au contraire comme une formidable machine à accepter l’autre tel qu’il est. Je me suis découvert fondamentaliste. De la vraie France aux antipodes de celle figée d’un parti ayant la peur comme seul programme et utilisant le drapeau tricolore comme une flamme pour mieux brûler ses idéaux. […] Libération