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Par Pierre Le Vigan
« La forme d’une ville change plus vite hélas que le cœur d’un mortel » disait Baudelaire. La quasi disparition des rues dans de nombreuses banlieues en témoigne. Car les routes ne sont pas des rues.

La valeur ajoutée d’une rue est tout autre. Elle ne sert pas seulement à se déplacer mais à tisser des liens entre les riverains. C’est cette question du risque de disparition de la rue et de sa nécessaire reconquête qu’a exploré, en un livre aussi vivant qu’une suite de croquis de voyage, l’architecte Nicolas Soulier.

« Pourquoi reconquérir les rues ? Parce que c’est là que se joue, sans que l’on en soit toujours conscient, une grande partie de la qualité de la vie dans une ville ou un village. ». La rue n’est pas l’affaire des seuls urbanistes, c’est l’affaire de tous. La rue vivante est le signe d’une société en bonne santé, tandis que sa disparition, son remplacement par la route ou la « voie rapide » indique la maladie d’une société.


Les exemples de Freiburg im Brisgau et des quartiers Vauban et Rieselfeld, mais aussi le quartier du Viertel à Brême, montrent qu’une ville plus ouverte aux usages sociaux de tous les âges, plus lente, plus humaine, est possible.
Cela consiste à rompre avec un certain culte de la vitesse, de l’accélération, à retrouver des échelles humaines de quelques 50 logements, bref, à rompre avec l’imaginaire du turbocapitalisme et de l’hypermodernité, pour chercher à restaurer une décence commune et même un courage civil de l’homme en ville à la place d’une société de la peur. La reconquête de la rue est ainsi au final une affaire très politique. Une affaire trop sérieuse pour la laisser aux aménageurs issus de quelque bureaucratie que ce soit.
Nicolas Soulier, Reconquérir les rues, exemples à travers le monde et pistes d’actions, pour des villes où l’on aimerait habiter, Éditions Ulmer, 288 pages, 26 euros.
Méta Mag

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