Quelque 300 personnes ont assisté à la réunion publique organisée par l’Ascen-Dornach contre le projet de mosquée. Estimant l’atmosphère hostile, le maire de Mulhouse Jean Rottner n’y a fait qu’une très brève intervention.
Le président de l’association récapitule les raisons d’un refus massif (800 signataires) : craintes de nuisances sonores à répétition, craintes du stationnement automobile sauvage, crainte d’une perte de valeur des propriétés foncières du quartier, etc., les motifs sont nombreux.
Il est une autre raison que Philippe Lallemant récuse fermement : non, la démarche de l’Ascen n’a rien à voir avec l’islamophobie. La Communauté islamique Millî Görüs (CIMG) de Mulhouse « ne doit pas être diabolisée ».
Le projet consiste à racheter un bâtiment (4500 m² de bâti, sur 2,5 ha de terrain), afin d’y loger 1500 places de prière, un centre culturel pourvu d’une bibliothèque, un logement d’imam, un commerce de 300 m², une crèche, une morgue et 40 salles de classes.
Philippe Lallemant résume : il s’agit de préserver Dornach d’un gigantesque complexe cultuel, culturel et commercial… Et politique – car Millî Görüs est un mouvement nostalgique de l’empire ottoman, hostile à la nature laïque de l’État turc. Millî Görüs a des sympathies pour le Hamas, il est proche des Frères musulmans, ainsi que d’Ennahda en Tunisie. Il défend une vision traditionnelle de l’islam et entend empêcher l’intégration à la culture occidentale. »
« Nous voyons rouge, nous en avons plus qu’assez , reprend le président de l’Ascen. Pourquoi n’avons-nous jamais entendu parler de ce projet malgré toutes nos instances de démocratie participatives ? Je ne sais pas. »
“Ce dossier a été géré en catimini au plus haut niveau de la mairie, ce qui est incompréhensible et inacceptable, quand on prêche la concertation en permanence. Il y a rupture de confiance ! J’en appelle donc au gel du projet”
(…) Enfin, Jean Rottner arrive. « Je suis très heureux de pouvoir vous saluer ce soir, commence le maire de Mulhouse. Si vous êtes venus, je pense, c’est pour savoir si oui ou non ce lieu de culte se fera à Dornach. »
« Non, non, non ! » , clament aussitôt plusieurs personnes du public. Le maire se raidit : « Il y a un refus clair de ce projet à Dornach, ça, je l’ai largement compris… Mais si vous le voulez, je peux me taire ! »
Nouvelle réaction de la salle. Jean Rottner s’empourpre pour de bon : « Je vois que cette salle m’est hostile… Dans ce cas, ma conclusion sera un peu sèche : vous ne voulez pas m’entendre, j’en tire les conséquences. »
Le voici qui repart comme il est venu, dix minutes à peine après son arrivée. Le brouhaha est à son comble. Dans la foule, une femme se lève, furieuse, pour l’apostropher au passage : « Vous avez dit que vous seriez clair, mais vous partez sans avoir rien dit, ni oui ni non. C’est honteux ! »
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