Une inversion qui se serait miraculeusement produite début 2013. Alors que le taux de chômage au premier trimestre avait été annoncé en mai à 10,8 % pour la France entière, l’Insee estime désormais qu’il était plus proche des 10,5 %.
Mais, malheureusement pour le président de la République, cette inversion ne traduit aucune réelle amélioration sur le marché du travail. De simples changements de formulations dans les nouveaux questionnaires, introduits depuis janvier, ont créé un tel changement dans les réponses des Français interrogés que le taux de chômage a artificiellement reculé de 0,3 point par rapport à l’ancien questionnaire.
En mai, l’Insee avait été contraint de décaler la publication de plusieurs indicateurs détaillés en raison de ces anomalies.
Un enquêteur de l’Insee ne vous demandera plus, par exemple, si vous étiez “à la recherche d’un emploi, même à temps partiel ou occasionnel“, mais si vous étiez “à la recherche d’un emploi” tout court. Associée à d’autres, cette modification a suffi à faire pencher quelques “oui” du côté du “non”. Et à ainsi faire sortir 90.000 Français, virtuellement, des chiffres du chômage.
Selon la nouvelle enquête, la France métropolitaine compte ainsi 2.909.000 chômeurs, contre 2.999.000 si l’on prolonge l’ancienne. La définition du chômage au sens du Bureau international du travail, qui sert de référence internationale, prévoit qu’un chômeur doit notamment “avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent“. Cela laisse des marges de manœuvre pour formuler les questions, et faire varier d’autant les chiffres finaux du chômage[…]
Le Monde
(Merci à Anthonin et à Di Goulle pour l’illustration)