Le candidat d’opposition fait de l’immigration illégale un de ses thèmes de campagne et le maire sortant pro-Kremlin accuse les migrants de la “moitié des crimes” dans la ville: la municipale de dimanche à Moscou met en lumière la xénophobie croissante en Russie.
“Je vais mettre fin à l’orgie de l’immigration illégale!“: la promesse lancée par le principal candidat d’opposition, Alexeï Navalny, lors d’un récent meeting de campagne, a suscité les applaudissement nourris de milliers de ses partisans.
Grand favori du scrutin, Sergueï Sobianine, un ancien chef de cabinet de Vladimir Poutine qui a remis en jeu son mandat à la tête de la ville, n’est pas en reste : “la moitié de tous les crimes en ville sont commis par des migrants” a-t-il affirmé dans une récente interview.
Même le candidat du parti Iabloko (centre gauche), Sergueï Mitrokhine, qui évite généralement la rhétorique nationaliste, souligne sur ses affiches électorales qu’il est contre “la transformation de Moscou en une province d’Asie centrale”.
Environ un million de ressortissants étrangers ont été enregistrés à Moscou au cours des premiers sept mois de l’année, selon le Service d’immigration russe.
[…]Les Russes se sentent parfois minoritaires dans certains quartiers de la capitale, argumente une députée du conseil municipal de Moscou, sous couvert de l’anonymat.
“Les parents viennent chez moi en larmes”, après avoir découvert qu’il n’y a que cinq enfants russes dans une classe de 26 élèves, a-t-elle déclaré à l’AFP.
A Moscou, capitale d’un gigantesque pays, on n’a jamais aimé les migrants, même les Russes venant de province à l’époque soviétique, souligne la journaliste Zaïra
Abdoullaïeva, originaire du Daguestan, une république du Caucase russe à majorité musulmane.
Les Moscovites reprochent notamment aux immigrés musulmans de cuire la viande en pleine rue ou de prier par milliers dans la rue lors des grandes fêtes religieuses, faute de place à l’intérieur des quelques mosquées de la ville.
La plupart des immigrés “sont très différents” des Moscovites, et les gens “cherchent toujours un ennemi”, souligne Mme Abdoullaïeva.
El Watan