Graphiste diplômé de l’école des Gobelins, Jean-Baptiste Borsali, 25 ans, est responsable des jeunes de l’UMP dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis (Le Bourget-Drancy-Bobigny). […] Mais jamais la tâche ne lui a paru aussi dure qu’aujourd’hui. Car ce n’est plus seulement le Parti socialiste qu’il doit affronter, mais un Front national qui gagne chaque jour plus de terrain. Une situation qu’il juge très préoccupante.
Le Point.fr : Vous militez pour l’UMP en Seine-Saint-Denis. Comment se profilent les élections municipales ?
Jean-Baptiste Borsali : La campagne est dure. Nos maires UMP vont sans doute conserver leurs villes, mais on va avoir du mal à faire beaucoup plus parce qu’on se heurte non pas à la gauche, mais au Front national. En Seine-Saint-Denis, on va avoir dix listes FN. C’est énorme ! Surtout quand on connaît la population et la sociologie du département !
Si le FN décide d’investir dix listes chez nous, c’est parce qu’il sent qu’il y a un couloir pour lui. Je crois qu’on va se retrouver avec une quarantaine de conseillers municipaux FN au lieu des deux ou trois actuels.
Vous constatez donc une progression du Front national sur le terrain ?
Avant, quand j’allais tracter sur les marchés, etc., je voyais des militants de gauche. Maintenant, je ne vois que des militants du FN. Ils ne craignent plus de se montrer, de faire du porte-à-porte… ils n’ont plus peur de rien ! Et le plus inquiétant, c’est qu’ils reçoivent un très bon accueil des gens. Ils nous piquent nos électeurs et ceux de la gauche aussi. Si bien que je me retrouve à militer non plus pour combattre le PS, mais pour repousser les avancées du FN.
Comment expliquez-vous ce phénomène ?
La Seine-Saint-Denis était une réserve de voix pour le PS et beaucoup de gens ont voté François Hollande avec un vrai espoir de changement. Mais depuis, il n’a pas lancé une seule mesure forte pour les banlieues, n’a fait aucun investissement pour elles. Les gens sont profondément déçus. Normalement, après un an et demi de socialisme, on devrait pouvoir ramener dans notre giron tous les mécontents. Or, on n’y arrive pas. C’est le Front national qui les récupère. Marine Le Pen est très habile parce qu’elle arrive à draguer les électeurs avec un discours socialement à gauche et sécuritairement à droite.
Quand j’entends d’anciens immigrés, arrivés en France dans les années 1960, qui me disent aujourd’hui qu’ils vont voter FN, eux aussi… Je connais bien la Seine-Saint-Denis, j’ai grandi à La Courneuve, et voir qu’elle penche comme ça de ce côté, ça me fait mal au coeur. […]
Merci à Stormisbrewing