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Le “beefgate” précipite la chute des partis islamiques en Indonésie, le premier pays musulman au monde.

Un mannequin de revue érotique couvert de diamants, une collégienne retrouvée nue avec un conseiller, des mariages clandestins: le “beefgate” précipite la chute des partis islamiques en Indonésie, pourtant gardiens de la morale dans le premier pays musulman au monde.

Le scandale ne cesse d’enfler depuis des années, faisant les choux gras de la presse indonésienne, et a culminé la semaine dernière avec la condamnation à seize ans de prison de Luthfi Hasan Ishaaq, ancien président du Parti de la justice et de la propérité (PKS), première formation islamiste du pays et membre de la coalition au pouvoir.

M. Ishaaq a été reconnu coupable d’avoir reçu des pots-de-vin d’une société de négoce de boeuf, Indoguna Utama, pour qu’il utilise son influence auprès du gouvernement, dont le PKS fait partie, afin d’assurer un permis d’importation de boeuf.

Qu’un responsable de parti soit éclaboussé par un scandale de corruption est loin d’être rare en Indonésie, un des pires pays en la matière, mais les Indonésiens ont particulièrement été choqués par les révélations successives sur la vie de certains membres du PKS, qui se dit pourtant le gardien de la morale islamique.

Au cours de l’enquête sur le “beefgate”, comme la presse locale a baptisé le scandale, les agents anticorruption ont mis au jour une vie que le parti islamiste considérerait comme “haram” (interdit car impur).

M. Ishaaq, 52 ans, collectionnait les voitures (il en avait six, dans un pays où la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour), mais également les femmes. Il a trois épouses, ce qui n’est pas un crime en Indonésie, mais il avait dissimulé l’un de ses mariages car il avait été illégalement contracté avec une adolescente.

En janvier, le conseiller de M. Ishaaq, Ahmad Fathanah, était arrêté dans une chambre d’hôtel avec une collégienne nue. M. Fathanah a par la suite été condamné à 14 ans de prison pour avoir reçu des centaines de milliers de dollars qu’il s’empressait de dépenser dans l’achat de diamants et voitures à 45 femmes, dont le mannequin d’une revue érotique.

Dans cette affaire retentissante, le PKS a perdu une bonne partie de son électorat, tandis qu’approchent les élections nationales de 2014, croient les politologues.

Mais le scandale touche également l’ensemble des formations se revendiquant de la religion musulmane, qu’elles soient islamistes comme le PKS, ou moins radicales.

“Le scandale a conféré aux partis islamiques une mauvaise image”, résume Umar S. Bakry, de l’institut de sondage Lembaga Survei Nasional.

Le PKS, qui veut placer l’islam au centre de la vie publique, avait réuni près de 8% lors des dernières législatives de 2009 en faisant campagne non seulement sur la moralité dans la vie quotidienne mais également en politique, la lutte anticorruption étant déjà à cette époque un thème central.

Les cinq principaux partis islamistes ou islamiques avaient rassemblé plus de 25% en 2009 et représentaient alors une force politique incontournable….

L’expert cite une étude récente de l’institut LSN selon laquelle 42,8% des personnes sondées ont dit s’attendre à une chute de la popularité de ces formations, contre 21,6% qui croient qu’elle va augmenter.

Pourtant, la société indonésienne est devenue de plus en plus proche des idéaux islamistes depuis la chute du dictateur Suharto en 1998. La province d’Aceh (nord-ouest) applique la charia (loi islamique) et d’autres aimeraient suivre, tandis que l’intolérance envers les minorités religieuses s’accroît, selon les ONG…

Lalibre, merci à Zatch

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