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Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a finalement décidé, mercredi 18 décembre, de reporter sine die la réunion sur l’intégration prévue le 9 janvier 2014. Officiellement, cette décision est liée au «travail ministériel n’est pas achevé». Dans les faits, la controverse a ravivé les tensions sur ce sujet complexe : moins entre majorité et opposition qu’au sein même de la gauche et du Parti socialiste.

«Les politiques entendent organiser la société multiculturelle sans le dire et placent ‘les blancs’ ou ‘petits-blancs’ au centre, décrypte M. Simon (directeur de l’unité migrations internationales et minorités de l’INED). C’est une politique du subterfuge, dangereuse : elle fait le lit du FN. Il faudrait une pédagogie assumée de la diversité.»

Un camp divisé en «deux nuages de points», comme le résume Laurent Bouvet, professeur de sciences politiques et l’un des penseurs du PS : «Le premier, qualifié de “républicain”, est sensible aux thèses sociales-libérales mais très accroché aux valeurs de laïcité et se retrouve autour de Manuel Valls. Le second est plus étatiste sur l’économie, mais à l’inverse libéral sur les questions de moeurs, très ouvert au multiculturalisme et se rassemble autour de Martine Aubry.»

Ces tensions révèlent en creux les divergences d’analyse croissantes sur les discriminations entre élus de gauche, acteurs de terrain et milieu universitaire.

«De plus en plus de jeunes chercheurs sont eux-mêmes issus de l’immigration», relève François Héran, ancien directeur de l’Institut national d’études démographiques (INED), pour qui «la gauche reste en grande partie ancrée dans le républicanisme, tendance assimiliationniste».

Durant la campagne présidentielle, Terra Nova, l’autre think tank du Parti socialiste, avait bien esquissé un début de réponse avec un «appel à une France métissée». Suivant une ligne multiculturaliste, Terra Nova prônait notamment une «reconnaissance symbolique de l’islam et du judaïsme dans le calendrier républicain» ou «l’émergence d’une élite issue des minorités visibles». «On a jeté un pavé dans la mare, mais nos idées n’ont pas été reprises », regrette Mehdi Thomas Allal, à Terra Nova. […]

Le Monde

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