Le parti organisait mercredi un colloque à l’Assemblée nationale, dans la perspective des élections européennes.
A quelques mois des élections européennes, qu’on annonce défouloir, le Parti socialiste veut montrer qu’il ne demeure pas inerte face à la «montée des populismes». Est-il pour autant audible ? Mercredi, dans un colloque à l’Assemblée nationale mêlant chercheurs et dirigeants socialistes, le PS a voulu marquer le coup. «C’est une façon de réfléchir à ces enjeux sans faire de bons sentiments», avance le sociologue Michel Wieviorka. Une démarche «utile», a jugé Claude Bartolone, le président de l’Assemblée nationale, en introduction :
«Parce que la tectonique politique en France et en Europe laisse présager des secousses profondes, brutales et douloureuses, si nous ne faisons rien…»
Selon ses décomptes, 27 partis, dans 18 pays européens, ont toutes les caractéristiques du populisme. Récemment ils ont recueilli des scores atteignant 15% des suffrages ou plus comme en Autriche, où ils viennent de culminer à 28%.«Pour moi, le populiste est un politique au stade primaire de son évolution. Il maîtrise le verbe, harangue, flatte, invective. Il a le talent du langage. Mais, quand vient le temps de l’action, ses mots n’ont aucune prise sur le réel, ou alors, s’il en a, c’est pour le nier, pour l’anéantir. Quand le nuage de fumée se dissipe, on voit le populiste figé, la bouche ouverte et les bras ballants», a poursuivi Bartolone. Avant d’en arriver là, tout le monde, dans le public – beaucoup de militants socialistes – et à la tribune, prend la menace au sérieux…
Ces mouvements, bien que disparates, ont une base commune. Spécialiste de l’extrême droite, et directrice de recherches au CNRS, Nonna Mayer n’aime pas trop le terme «populisme» : «Appelons un chat un chat, propose-t-elle. «Il s’agit de droites extrêmes, exclusionnistes» qui se basent d’abord sur le rejet des immigrés et dont le nouvel ennemi est l’islam. «On ne peut plus les ostraciser, pas les ignorer. Ni faire de surenchère non plus», plaide-t-elle…
Pour le numéro 2 du PS Guillaume Bachelay, avant toute chose, il faut «identifier la menace» : «Pour combattre efficacement un adversaire il faut le qualifier précisément. On peut avoir des habits neufs mais conserver le tissu. Ces partis voient la communauté nationale comme une citadelle assiégée, comme une totalité figée», mise en danger par la diversité, le métissage et les échanges mondiaux. L’Europe est vue comme une «instance de dépossession et d’uniformisation»…
Que faire alors pour contrer ces succès potentiels de l’extrême droite en France et en Europe ? Initiateur du colloque, le député européen PS Henri Weber a dessiné plusieurs voies. La «stigmatisation morale», bien qu’assez «inefficace» contribue tout de même à ses yeux au «cordon sanitaire autour de l’extrême droite [qui] doit être préservé et renforcé, d’autant que la tentation est forte, pour une partie de la droite française, de le faire sauter et de passer alliance». Mais il insiste surtout, comme plusieurs interlocuteurs, sur «la réfutation systématique et argumentée des propositions de l’extrême droite». Il faut «montrer que l’application, même partielle, de ce programme, de ces propositions, plongerait le pays dans le chaos et le malheur», ajoute-t-il.
Guillaume Bachelay ou Harlem Désir n’ont pas dit autre chose quand ils ont martelé que la sortie de la zone euro, préconisée par le FN, conduirait à une dévalorisation de la monnaie de 20% et à une aggravation de la dette française d’autant.
«Si, demain, nous fermons nos frontières aux apports de la mondialisation, fini les biens technologiques, les écrans plats, les smartphones, les tablettes produits à l’étranger ; fini les investissements étrangers en France, ceux qui produisent de la richesse et de l’emploi ; fini la stabilité financière avec des risques démultipliés de spéculation», égrène encore Bartolone…