Pour bénéficier d’une bonne retraite, les personnes nées après 1960 devront compter essentiellement… sur leur héritage. C’est la conclusion troublante d’un récent rapport publié par l’Institut britannique des Etudes Fiscales (Institute for Fiscal Studies, IFS).
Bien qu’il ait été élaboré sur la base de données provenant du Royaume Uni, ses conclusions s’appliquent à d’autres pays du monde occidental. Une croissance économique molle chronique et une épargne faiblissante hypothèquent les perspectives d’avenir des jeunes générations.
On savait déjà que les perspectives d’avenir n’étaient pas roses pour la génération qui se trouve dans sa vingtaine aujourd’hui, qui aura du mal à accumuler un patrimoine similaire à celui de ses parents. Mais ce qu’indique ce rapport, c’est que ceux qui sont âgés de la cinquantaine et de la quarantaine se trouvent en réalité dans la même situation… Mais sans le savoir.
« Par rapport à ceux qui sont nés une décennie plus tôt, au même âge, ces cohortes n’ont pas un revenu plus élevé, elles n’ont pas épargné plus de revenu, elles sont moins susceptibles de posséder leur logement, elles sont susceptibles d’avoir des pensions privées plus faibles. Elles auront tendance à constater que la pension de l’Etat ne remplacera qu’une petite fraction de leurs revenus antérieurs », affirme le rapport.
Les gens âgés d’entre trente-cinq et cinquante ans ont eu tendance à gagner des revenus corrigés de l’inflation supérieurs à ceux de leurs aïeux, mais ils ont aussi dépensé souvent plus qu’ils n’ont gagné, et accumulé moins d’épargne que les générations précédentes. A ce phénomène s’est ajouté l’augmentation des inégalités de revenus, les gels de salaires successifs et la réduction des bénéfices de leurs régimes de retraite. En conséquence, les revenus de chaque nouvelle génération ont chuté de plus en plus rapidement par rapport à ceux de la génération précédente, comme le montre ce graphique :
Comme l’immobilier est de plus en plus cher, mais que les revenus ne suivent pas, les jeunes générations axquièrent leur logement plus tard dans leur existence. Les générations plus âgées sont les principaux bénéficiaires: leurs biens ont beaucoup augmenté en valeur, au point que les jeunes ne peuvent plus se les offrir.
Cela implique que les jeunes générations dépendront de plus en plus de leur héritage pour pouvoir obtenir un pouvoir d’achat similaire à celui que leurs parents ont connu. Ces mêmes parents (et grands-parents) avaient beaucoup moins de chances de pouvoir compter sur un aussi bon héritage à leur époque.
Mais selon l’IFS, les implications macroéconomiques sont là encore désagréables : « La prévalence et la valeur des héritages futurs est distribuée de façon inégale, et les ménages qui sont déjà relativement aisés seront bien plus susceptibles d’en être les bénéficiaires. Il est important, pour les législateurs, de bien prendre en compte ces signes », écrit-il.