Après 8 mois de marche et plus de 6000 kilomètres «à la rencontre des Français» le député du MoDem Jean Lassalle estime que «la France est minée par le doute».
Marine Le Pen au second tour en 2017, avec un score meilleur que son père, c’est un scénario plausible à mon sens. J’ai même vu des élus locaux, avec leur écharpe tricolore, la larme à l’œil, m’avouer qu’ils voteraient FN. La seule manière, selon eux, de remettre ce pays face à ses responsabilités.
Vous avez pris le pouls d’un pays en crise. Quel est votre diagnostic ?
Une profonde remise en cause de l’Europe. On nous reproche à nous, élus, d’avoir transformé le rêve d’un espace fraternel et social en une jungle du libre-échange où tous les coups sont permis. Plus largement, j’ai pu constater une cassure du lien humain, entre peuple et élites. Les gens n’envisagent plus de destin commun. Les partis politiques sont détestés à un point inimaginable ! Et les médias aussi.
Vous évoquez une montée des tentations extrêmes.
J’ai pu le vérifier au cours de centaines d’entretiens où les gens se sont confiés. Les représentants religieux que j’ai rencontrés à Lyon, le responsable du culte musulman notamment, étaient très inquiets. Certaines zones sont épargnées par ce sentiment : des régions à l’histoire et à l’identité fortes, où le désespoir est moins marqué – Alsace, Bourgogne, Sud-Ouest, Bretagne, Corse.
Pour certains, le FN a déjà gagné les prochaines élections…
Pas les municipales. Parce que le maire est préservé du rejet généralisé des politiques. Pour les européennes par contre, les discours étaient hélas souvent totalement désinhibés. […]