Les rescapés de l’attaque contre les chrétiens, la plus meurtrière de l’histoire du Pakistan, s’apprêtent à célébrer un premier Noël sans leurs pères, leurs mères, leurs enfants tués à la fin de l’été dans un attentat suicide des talibans contre leur église.
«Chaque famille a perdu (au moins) une ou deux personnes. Comment pouvons-nous célébrer Noël? Il n’y aura pas de joie cette année», Nasreen Anwar, qui a perdu sa fille de 14 ans dans cette attaque qui a aussi grièvement blessé au bas du ventre son autre fille de neuf ans.
La petite cathédrale protestante All Saints de Peshawar, grand carrefour du nord-oust du pays à la porte de l’Afghanistan, porte encore les stigmates du double attentat suicide perpétré en septembre par deux kamikazes qui se sont glissés dans l’enceinte du bâtiment à la sortie de la messe du dimanche. Sur la façade et dans la cour intérieure de l’église, des impacts des billes de métal, mélangées à la charge explosive, ont creusé la pierre ; à l’intérieur, l’horloge s’est arrêtée à 11H43, moment précis où ces deux talibans ont fauché 82 vies et marqué au fer rouge le coeur des rescapés.
Anwar Khokhar s’en souvient comme si c’était hier. Ce jour-là, il a perdu six membres de sa famille, dont trois de ses frères. Et à l’approche de Noël, période de joie et d’espoir pour les quelque quatre millions de chrétiens du Pakistan, son coeur tangue entre l’absence d’êtres chers et l’amertume. «Plus Noël approche, plus ils me manquent. Ils me manquent aussi intensément qu’il puisse être possible de ressentir le manque», l’absence, souffle-t-il lors de la dernière messe du dimanche avant Noël.
Lors de son sermon le révérend Ejaz Gill a bien tenté de réconforter les familles chrétiennes de Peshawar qui ont toutes ou presque perdu un proche lors de cet attentat et appelé les fidèles à une communion spirituelle entre les victimes «aux cieux» et les rescapés sur terre. […]