(…) L’Etat Nation, et après ?
On peut regretter le temps de la marine à voile mais on a beau nous refaire le coup tous les 5 ans, le volontarisme national, c’est du pipeau. Que font donc les gens face à ça ? Et bien, ils s’auto-organisent. Pas comme chez Lipp, il y a 40 ans mais en retournant à leur avantage les outils de la mondialisation : la circulation des personnes (quand c’est possible), des biens, des idées, les technologies…
Dans son ouvrage “La Chine à Paris”, Richard Beraha explique la structuration des réseaux Wenzhou, originellement méprisés du pouvoir central Chinois, et qui réalisent ce qu’il appelle “une mondialisation par le bas”. Ce qui en jeu dans ces réseaux n’est pas un système para-mafieux mais ce qui nous fait défaut en cette époque de bonnets rouges : la confiance.
C’est ce qu’ont connu les Bretons, les Corses ou les Auvergnats ; à côté de l’Etat, des entités plus proches aident à s’ancrer, à évoluer. Avec des tensions parfois mais à profit pour la société. C’est ce à quoi aspirent aujourd’hui paisiblement nombre de musulmans français
.Les technologies visent à permettre le développement d’autres solidarités, fondées elles sur l’affinité, ainsi le financement participatif ou crowdfunding constituera bientôt une réelle alternative à un système bancaire trop éloigné des attentes de ses clients.
Pour évoluer, savoir penser contre soi-même
Je citerai pour conclure, Jean-Claude Michéa, penseur fétiche de ceux avec lesquels je suis en désaccord sur tout ou presque : “S’il est clair, en effet, que l’expérience locale ne peut jamais constituer que le point de départ de l’aventure humaine, il est non moins clair que c’est le développement dialectique des acquis moraux et culturels liés à cette expérience première – et non leur négation abstraite – qui seul pourra conduire à un monde effectivement commun, autrement dit à un monde dont les valeurs universelles ne seront jamais séparables du cheminement concret qui aura permis à chaque peuple – à partir de ses traditions culturelles particulières – de se reconnaître en elles et de se les approprier”